Acantha Lang en concert à Paris
19.09.2023
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Tous ceux qui ont vu Solomon Burke débuter un concert se souviennent de ce rituel immuable. Un groupe impeccable au sein duquel les cuivres claquent, et puis derrière la scène, une voix sans visage qui s’élève, puissante, rare. Un timbre d’airain mais sensuel qui prend tout son sens quand Solomon vient s’asseoir face au public. Cette voix que l’on croyait inaltérable s’est pourtant tue. Brutalement. Tôt ce matin, Solomon s’est officiellement éteint de mort naturelle, peut-être dans l’avion qui s’apprêtait à atterrir à l’aéroport Schiphol d’Amsterdam aux Pays-Bas (où il devait se produire mardi prochain), peut-être alors qu’il était déjà au sol, on ne sait pas trop. Quelle importance, et si l’histoire, qui ne se refait pas, retenait que Solomon Burke est mort entre ciel et terre ? D’autant qu’on ne sait pas formellement non plus quand il est né, les sources hésitent à ce propos. Probablement le 21 mars 1940 à Philadelphie (Pennsylvanie), peut-être avant. Enfant, il baigne dans le gospel et s’avère précoce (sa première chanson, Christmas presents for heaven pour Apollo, est enregistrée le 3 décembre 1955), mais l’influence de la country est également présente. En signant toutefois en 1960 chez Atlantic, Burke s’oriente progressivement vers le R & B et la soul. En 1964, il compose Everybody needs somebody to love, très vite repris par les Rolling Stones (qui reprendront trois autres de ses titres) puis par Wilson Pickett, mais qui deviendra surtout un hymne planétaire via le film The blues brothers (1980). Véritable patriarche (on lui prête 21 enfants et 90 petits-enfants), gros vendeur de disques (17 millions !), il s’impose peu à peu comme le « roi du Rock & Soul » (l’appellation « roi de la soul » relayée par certains médias nationaux nous apparaissant réductrice et impropre). Mais un artiste d’une telle stature ne saurait être « étiqueté »… Tardivement reconnu à sa juste valeur, cette grande voix de la musique américaine a été intronisée au Rock and Roll Hall of Fame en 2001, avant de recevoir en 2003 le Grammy Award du meilleur album de blues contemporain pour « Don’t Give Up To Me » (gravé en 2002 pour Fat Possum). Depuis, fort d’une belle popularité en Europe et notamment en France, Solomon Burke ne cessait de séduire. Et tous ceux qui l’ont vu finir un concert se souviennent de cet autre rituel immuable. De ces fleurs offertes aux spectatrices, puis de ces fans invités sur scène à partager la fête. Et surtout, au-delà du show à l’américaine, du sourire de Solomon, tout sauf surfait. Goodbye Mr. Burke : we miss you, you, you…
Daniel Léon.