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Live reports / 13.12.2018

SoBlues Festival

Quand nous arrivons au Mans le vendredi 23 novembre, le SoBlues Festival est déjà commencé depuis deux jours et a vu Bill Deraime le mercredi, Le Mississippi Blues Summit Tour avec Tao Ravao et Vincent Bucher en première partie le jeudi, sans oublier les “apéros blues” avec Moshka le mercredi et Syl le jeudi.

Celui du vendredi est animé par Elefent qui remporte un joli succès avec son blues en solitaire, joué sur une Weissenborn à plat et chanté d’une voix étonnamment mûre.

 


Elefent

 

La soirée sur la grande scène est ouverte par Ella/Foy, vainqueur du prix SoBlues au tremplin des Rendez-Vous de l’Erdre à Nantes début septembre. L’univers du quatuor, Hélène Fayolle chant-guitare, Romain Deruette, contrebasse-guitare-percussions-chant, Bruno Rouillé, harmonica et Braka, batterie-clavier-trombone, n’est pas forcément blues mais qu’importe quand la voix et la musique sont si prenantes, avec de fréquents moments de grâce ? En quatuor, c'est encore plus riche et Hélène peut renforcer l’accent sur le chant. Les séquences quasiment a cappella au bord de la scène, avec les percussions corporelles de ses compagnons comme sur I don’t wanna work, font frissonner, tout comme l’harmonica de Bruno Rouillé sur How would it be ou San Francisco. Le rappel se finit en français avec Les envolées sauvages.

 


Hélène Fayolle

 


Braka

 


Bruno Rouillé, Romain Deruette

 

La tournée New Blues Generation Tour est encore une réussite cette année et on va le constater très vite. Jamiah Rogers à la guitare et au chant, Annika Chambers au chant, Michael Hensley aux claviers, Tony Rogers à la basse, et Dionte Skinner à la batterie, déboulent tous ensemble sur scène et envoient du lourd d’entrée avec Annika au micro pour Raggedy and dirty. Suivent le blues lent Ain’t doin’ too bad, l'enlevé Two bit Texas town et la ballade soul Jealous kind avec force soupirs lascifs et échanges avec le public. C’est ensuite Jamiah Rogers qui prend le lead avec son titre phare Blues superman. Le jeune homme est très à l’aise, avec sa guitare, au chant, et dans la gestuelle, offrant un excellent spectacle, d’autant qu’il garde tout sous contrôle et n’exagère jamais, bien servi par un son chaleureux et justement dosé. Il enchaîne avec un jump blues rapide avant de virer funk sur Bourbon St. bounce, dans le solo duquel il insère le thème de When the Saints, puis blues sur une reprise de The sky is crying avec une belle introduction et un solo commencé bas et terminé fort et emballé. Crosscut saw est pris sur un ton léger, sans doute pour garder de la fureur en réserve pour la reprise de Hey Joe qui suit. Cadillac assembly line nous ramène agréablement sur des pentes blues, et c’est déjà le final avec le retour d’Annika Chambers pour un duel Hoochie coochie man-I’m a woman qui clôt une très bonne soirée.

 


Annika Chambers

 


Michael Hensley

 

Le lendemain samedi, après avoir parlementé avec les gilets jaunes pour atteindre la salle des Saulnières où se déroule le festival, j’ai l’honneur d’animer une conférence sur l’harmonica dans le blues, avec l’aide de Thomas Troussier. Pour illustrer mes propos, Thomas fait revivre les styles de DeFord Bailey, Noah Lewis, Jazz Gillum, John Lee Sonny Boy Williamson, Little Walter, Walter Horton, Sonny Boy Williamson n° 2, Jimmy Reed, George Smith, Slim Harpo, et Kim Wilson, pas moins !

 


Thomas Troussier

 

La grande scène est ouverte par Alex de Vree en duo avec Erwan Le Fichant. Excellent au chant, bien soutenu par la guitare d’Erwan, dont les solos valent le détour, Alex sait aussi nouer le contact avec le public qui le lui rend volontiers. Son blues est protéiforme et il le rend facile d’accès, avec une grande fraîcheur.

 


Erwan Le Fichant, Alex de Vree

 

La fraîcheur est peut-être ce qui manque au Chicago Blues Festival qui vient juste après. Il y a du talent sur scène, avec Mike Wheeler au chant et à la guitare, Peaches Staten au chant, Brian James aux claviers, Larry Williams à la basse et Cleo Cole à la batterie, mais seul Williams semble avoir envie de bouger et s’amuser. Les titres s’enchaînent mais aucun ne décolle vraiment, les solos de Mike Wheeler sont véloces mais manquent de chaleur, et Peaches Staten ne surprend que quand elle dégaine un frottoir pour un étonnant titre sudiste. Dès lors on place tous ses espoirs en Omar Coleman, qui sera effectivement très bon au chant mais un peu trop économe à l’harmonica. On apprécie quand même son Lucky man, bien balancé. Le rappel se fait sans surprise avec des classiques.

 


Mike Wheeler 

 


Peaches Staten

 


Omar Coleman

 


Brian James

 


Larry Williams

 


Cleo Cole

 

Texte et photos : Christophe Mourot