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Chroniques / 21.04.2020

Smokey Hogg, Who’s Heah! Selected Singles 1947-1954

Les représentants de l’ère historique du blues populaire étaient souvent loin d’être des chanteurs ou des instrumentistes de premier plan. Cela les amenait, dans bien des cas, à élaborer des styles dont la forme découlait de leurs limitations techniques, de leur sens du climat sonore et de leur adaptation à un contexte humain. 

L’attrait qu’a exercé sur le public noir de l’après-guerre un Smokey Hogg, que l’on peut aisément sous-estimer, tenait à ce qu’il exprimait des sentiments d’une époque déjà révolue avec une simplicité évocatrice pour ceux qui, en provenance de zones rurales, gagnaient les grandes villes en expansion. Hogg était réputé difficile à accompagner, mais sûrement pas plus que Texas Alexander ou que son cousin éloigné Lightnin’ Hopkins, et ses principaux disques ont traversé les années après s’être vendus copieusement de son vivant.

Cette sélection réalisée par Neil Slaven et Bob Fisher montre que le succès l’avait conduit à enregistrer pour une pléiade de marques différentes, en Californie surtout et dans son Texas natal, en y trouvant des accompagnateurs capables de rendre son style moins archaïque peut-être qu’au naturel : c’est le cas d’une cohorte de pianistes au premier rang desquels s’inscrit la très fine Hadda Brooks, dont le jeu enrobe adroitement les automatismes du chanteur-guitariste dans Little schoolgirl, Long tall mama, Who’s heah ou Up today – down tomorrow.

Influencé au départ par Big Bill Broonzy et Peetie Wheatstraw, Hogg a directement participé à l’essor du R&B sous des formes qui en laissaient apparaître les antécédents des années 1930, comme en témoignent ses titres en petit combo avec saxophone (Size 4 shoe) ou sa reprise du Highway 51 de Curtis Jones.

Philippe Bas-Rabérin

Note : ★★★★
Label : Jasmine
Sortie : 17 janvier 2020

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