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Live reports / 05.07.2019

Sly Johnson, Flourens

28 juin 2019.

Pas de doute possible. Le gimmick de Sex machine gratté sur une six cordes lors des balances d’avant-concert annonce un tonnerre de funk. Étonnant : c’est pourtant le pape du rap Sly Johnson qui va honorer la scène de Flourens, près de Toulouse, pour la troisième édition du festival “social et culturel”. Un cadre pas commun (verdure et ânes en liberté) pour un soir pas comme les autres (canicule et quart de finale des Bleues en coupe du Monde). Mais ce que le public retiendra avant tout, c’est l’incroyable prestation de l’ancien membre des Saïan Supa Crew, punchy comme jamais dans une formation basse-batterie-clavier-guitares qui lui sied désormais à merveille. 

Voilà quasiment un an que l’homme aux mille voix répète et sillonne la France avec son nouveau groupe, les “74” (prononcez “Seventy four”, référence habile à l’année de naissance du chanteur). Des musiciens rompus aux joies du groove (présent dès l’ouverture sur le clintonien Everybody dancin’), ardents militants du gros son (cette basse pimpée…) avec entre les doigts une dextérité folle, et sur le visage des sourires loin d’être de façade. Un véritable bain de jouvence dans lequel Sly Johnson barbote et gesticule de tout son long dans sa chemise bleu-pétrole, alternant avec une facilité déconcertante entre des mouvements rock chargés en décibels, des tourneries pleines de sueur et d’énergie dignes du grand James Brown (poing levé de rigueur et pied appuyé sur ce satané premier temps), ou des versions pulsées – Nasty girl et son refrain discoïsant – qui rendent grâce à une discographie encore trop méconnue.   

Parfaitement calé au milieu d’une longue jam endiablée, le couplet de Rappers delight lâché dans un débit mitraillette rappelle à quel point Sly Johnson est un performer rare. Très rare. Plus qu’un beat-boxeur qui frappe direct au micro, un artiste capable également d’aller chercher au plus profond l’émotion dans sa voix, soul et quasi-religieuse sur le poignant Mother, un extrait de son nouvel album “Silvère” qu’il choisit d’interpréter seul sur scène, superposant les boucles enregistrées en live sur sa loop-machine. « Un moment de douceur », reconnait-il avant de recréer en quelques minutes et quelques notes les premières mesures de Billie Jean et de Angela, tube du Saïan qui avait chauffé l’été en 1999. 20 ans après, la température n’est toujours pas redescendue.

Laurent Salzard
Laurent Coulondre
Martin Wangermée
Ralph Lavital

Texte : Mathieu Bellisario
Photos © Anna Carbonnel

Anna CarbonnelMathieu BellisarioSly Johnson