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Chroniques / 19.08.2022

Shemekia Copeland, Done Come Too Far

Shemekia Copeland ne se considère pas comme une parolière, pourtant toute son œuvre (c’est son dixième album) témoigne d’une cohérence certaine. Et particulièrement les trois derniers albums (celui-ci inclus) où les thèmes sociétaux attestent de ses préoccupations de jeune femme noire et de mère. C’est John Hahn, son manager, déjà ami de son père, qui signe la plupart de ces textes qui reflètent ses pensées, ses convictions, ses colères comme ses espoirs. 

Avec Shemekia, ils se parlent chaque jour, échangent sur tous les sujets et leur convergence de vue est totale. Ce sont donc les problèmes auxquels est confrontée la société qui se dégagent de nombreux titres : les relations raciales et les droits civiques, les armes à feu et la violence, les abus subis par les enfants. L’histoire n’est pas absente non plus quand il s’agit d’évoquer la déportation des esclaves (admirable Gullah Geechee avec chœur marmonné et kora) ou l’héritage de Martin Luther King.

On le voit, le ton n’est pas toujours à la facilité et la musique reflète par son intensité ce climat tendu. Heureusement, il y a aussi des plages plus légères, notamment Fried catfish and bibles, résolument “bon temps rouler“, avec accordéon, violon et washboard. Amusant aussi Fell in love with a honky, même si je suis moins sensible à son côté country.

Comme pour les deux albums précédents, Will Kimbrough a composé les musiques et est omniprésent à la guitare. Il est aussi producteur et donc sûrement responsable de la présence d’invités comme Sonny Landreth, dont la slide zèbre Too far to be gone, Charles Hodges, dont le B3 densifie The truth (le chant de Shemekia y atteint des sommets d’émotion) et Dumb it down, ou Cedric Burnside qui lui donne la réplique sur la chanson titre qui résonne longtemps. 

Jacques Périn

Note : ★★★★½
Label : Alligator
Sortie : 19 août 2022