Ludovic Louis, La Maroquinerie, Paris, 2024
15.10.2024
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Pour la première fois depuis ses graves problèmes de santé, Sharon Jones était de retour sur une scène française, et c’est un Olympia plein à craquer et très enthousiaste qui l’attendait.
En ouverture, James Hunter assure un court set d’une demi-heure, qu’il ouvre en s’excusant de ne pas être Sharon Jones. Venu sans son orchestre, l’Anglais bénéficie de l’accompagnement de deux membres des Dap-Kings, le percussionniste Fernando Velez et le bassiste Gabe Roth (par ailleurs producteur de son dernier album) sur un répertoire essentiellement extrait de son disque le plus récent, auquel s’ajoute une reprise efficace empruntée à Allen Toussaint et Lee Dorsey, Love lots of lovin'. Si l’accompagnement dépouillé ne convient pas tout à fait au style énergique de Hunter, cela ne l’empêche pas de donner son maximum, et il est bien accueilli par le public, surtout lorsqu’il se lance dans ses titres les plus dansants, comme Let the monkey ride.
Après l’entracte réglementaire, les Dap-Kings s’installent sur scène. Si le patron historique Gabe Roth est de retour, le batteur Homer Steinwess est aux abonnés absents et la section de cuivre est totalement renouvelée, sans que cela ait un impact majeur sur le son d’ensemble. Après l’instrumental d’ouverture, c’est, comme d’habitude, Binky Griptite qui prend le micro pour introduire les premières chanteuses de la soirée, en la personne de Starr Duncan Lowe et Saundra “Saun” Williams, les choristes habituelles du groupe, qui interprètent quatre titres, dont les deux faces de leur premier single Daptone, paru sous le nom de Saun & Starr.
Binky Griptite et Joe Crispiano
Starr Duncan Lowe et Saundra “Saun” Williams
Après ce plaisant intermède, c’est au tour de la vedette de la soirée d’entrer en scène : miss Sharon Jones en personne ! Disons le tout de suite : si elle a repris son activité depuis trois mois, Sharon Jones n’a pas tout à fait retrouvé son énergie naturelle et son intensité vocale. Cela ne l’empêche pas d’assurer le show sans faillir, arpentant la scène de long en large, invitant un jeune homme à la rejoindre sur scène, se livrant à son traditionnel numéro de danse, et prenant même quelques secondes pour calmer un début de bagarre au premier rang ! Sans surprise, le répertoire est essentiellement consacré au dernier disque du groupe. Plutôt moins convaincantes que leurs titres antérieurs, les chansons passent correctement l’épreuve de la scène, d’autant que certaines sont réarrangées pour l’occasion : Get up and get out, par exemple, commence doucement avant d’atteindre le rythme de l’album puis de déboucher sur un long sermon gospelisant dans lequel Sharon Jones évoque sa maladie et sa guérison. Seule une reprise bien foutue de I heard it through the grapevine, dans l’arrangement de la version de Gladys Knight, vient rompre la succession de titres issus de “Give the People What They Want”. Il faut donc attendre la fin du concert pour entendre quelques morceaux plus anciens, parmi lesquels l’irrésistible Better things to do et en rappel l’hymne quasi-officiel 100 Days, 100 Nights.
Le concert ayant été filmé, il est possible de se faire sa propre idée (http://concert.arte.tv/fr/sharon-jones-and-dap-kings-lolympia) en attendant d’aller la voir sur scène dès cet été, à l’occasion de la tournée de la Daptone Super Soul Revue, qui passe par plusieurs festivals français !
Frédéric Adrian
Photos © Stella-K