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Chroniques / 18.08.2022

Seth Walker, I Hope I Know

Je n’ai jamais compris les phrases inspirantes sur la musique qui serait faite de silence. Seth Walker m’a quelque peu sorti de mon ignorance crasse avec cet album tout en retenue. On y entend l’air entre les notes comme on voit le grain du papier retenir les pigments sur une aquarelle. La production utilise les accompagnements par petites touches. Des cuivres apparaissent, font un tour de piste et rentrent au bercail. Un orgue pointe le bout de sa truffe et retourne dans sa tanière.

À côté des grands traits du chant et de la guitare, spontanés, maîtrisés, et assumant leurs imperfections, on voit des petits motifs tracés minutieusement à la plume. La guitare électrique est faussement hésitante, tisse de petites dentelles et laisse traîner quelques franges, négligées. Chaque ligne mélodique observe ce millimètre de décalage, même pas calculé, qui fait qu’une mélodie va sonner et qu’un rythme va chalouper. Une élégance folle. On y croise du R&B paresseux et funky, du folk blues en finger picking ouvert, des morceaux swingants, un coup Django, un coup Satchmo.

Les reprises, toutes empruntées à des maîtres (Van Morrison, Bob Dylan, Bobby Charles) ne déparent pas, et cela dit quelque chose de l’artiste Seth Walker. 

Benoit Gautier

Note : ★★★★½
Label : Royal Potato Family
Sortie : 20 mai 2022