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Live reports / 17.04.2016

RONNIE BAKER BROOKS

J’éprouvais tout de même quelques appréhensions : serait-il trop rock comme ses médiocres CD le laissent entendre ? Ou, au contraire, blues-soul, à l’instar de nombreux concerts vus où il se produit en vedette invitée ? Qu’en sera-t-il du groupe ? Mais tourner pour un spécialiste français et passer au Banana Peel emportèrent mon adhésion. Bonne décision. Précédé d’une solide réputation héritée de son père Lonnie, Ronnie Baker Brooks (vo, g) a rempli le club cinquantenaire, cette ancienne grange où des tonneaux supportent les bières et d’antiques sièges de cinéma bordent la petite scène. Deux sets vifs et musclés, équilibrés entre des reprises-punch de style Chicago (Muddy Waters, Buddy Guy…), avec de plaisantes imitations vocales, une ballade soul en hommage aux victimes des attentats Times change, des shuffles aux styles variés (merci B.B. King ou Freddie King) et l’inévitable boogie-rock à la John Lee Hooker. Le plaisir est venu de son entrain à les interpréter, y compris vocalement, et d’un groupe américain soudé : le bassiste se fond dans la batterie soul pendant que l’excellent Daryl Coutts est un claviériste inventif. Leur grande capacité à tous est d’injecter du sang neuf dans de vieux canassons. Le final fut grandiose : un Take it wid’cha/Sweet home Chicago (même mélodie) terminé derrière le bar, une bière à la main, jeu de guitare de l’autre. Standing ovation. Je crois que s’ils reviennent, le proprio devra pousser les murs.

Texte et photos : André Hobus