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Hommages / 22.02.2020

Ron Thompson (1953-2020), l’hommage de Franck Goldwasser

Sans nul doute un des plus grands artistes de blues de l’ère contemporaine. Un écorché vif, parfois au point de rendre pénible l’écoute. Un multi-instrumentiste et vocaliste hors pair, l’égal de certains des plus grands du genre. Complètement ignoré du grand public, très rarement récompensé, il en était encore à jouer pour quelques sous peu de temps avant sa mort, le 16 Février 2020 à 67 ans.

Il en avait chié, Ronnie, et la moindre note qu’il jouait, que ce soit à la guitare, l’harmonica, le piano, la steel ou la mandoline, c’était un coup de genoux dans le bide, ça pliait en deux, le souffle coupé ; c’était la souffrance à l’état brut, une sorte de Rory Gallagher mexicano-amérindien post-moderne. Quand il chantait, c’était simplement déchirant. Voir Ron en chair et en os, c’était un truc époustouflant, inoubliable, parfois difficile à encaisser, au point de ne pas vraiment comprendre ce que l’on était en train de voir et d’entendre ; la scène devenait le théâtre d’un combat sans merci contre les démons ; il pouvait alors perdre contrôle et alors là tout était possible. 

Si vous n’avez jamais écouté Ron Thompson, il n’est pas trop tard, il y a quelques enregistrements qui traînent. L’extraordinaire Blue chariot sur l’album “Blue Bay” de 1976, le I’m shakin’ de Little Willie John que Ron s’est littéralement approprié et dont la version a inspiré celle des Blasters ; sa version live de Looking for trouble enregistrée au Grand Emporium de Kansas City dans les années 1980 sur l’album “Resistor Twister” et surtout son dernier album “Son Of Boogie Woogie”, et des vidéos sur YouTube.

Moi, je sais que je ne me remettrai jamais de l’avoir connu, et perdu.

Texte : Franck Goldwasser
Photo © DR

San Francisco, 1978. © Jim Bukiet
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