Si les journaux généralistes insistent essentiellement – et logiquement – dans leurs nécrologies sur son rôle d’auteur-compositeur pour Michael Jackson, la carrière de Rod Temperton, qui vient de décéder, ne se limite pas aux quelques perles intemporelles qu’il avait offerte pour les premiers disques de celui-ci sous la houlette de Quincy Jones.

Né le 9 octobre 1949 à Cleethorpes en Angleterre, Rodney Lynn Temperton découvre la musique sur les ondes de Radio Luxembourg et forme son premier groupe dès ses années collège. Devenu musicien professionnel dès le début des années 1970, il tourne en Allemagne au sein d’un orchestre soul qui se produit dans les clubs et les bars locaux pour divertir les GI’s stationnés dans le pays. Courant 1974, il répond à une annonce publiée dans le Melody Maker et rejoint le groupe Heatwave, monté par l’américain Johnny Wilder, un ancien GI désormais basé en Angleterre. Embauché comme clavier, il devient vite l’auteur-compositeur principal du groupe, lui fournissant ses premiers tubes : Boogie nights, qui atteint en 1977 les deuxièmes places du classement des singles en Grande-Bretagne et du Hot 100 aux États-Unis, puis l’irrésistible ballade Always and forever, qui sera reprise en 1996 par Luther Vandross. Après deux albums à succès avec Heatwave, Temperton décide de les quitter (même s’il continue à écrire pour eux) afin de se concentrer sur l’écriture.

Heatwave, avec Rod Temperton (deuxième en partant de la droite)

En 1979, il est embauché par Quincy Jones pour contribuer à l’album solo à venir de Michael Jackson. Trois de ses chansons figurent sur “Off The Wall”, dont Rock with you, qui atteint le sommet des hit-parades. Désormais installé en Californie, Temperton enchaîne les tubes au début des années 1980, souvent avec la complicité de Quincy Jones : Stomp pour les Brothers Johnson, Give me the night pour George Benson, Yah mo B there pour James Ingram et Michael McDonald, Love is in control (Finger on the trigger) pour Donna Summer, Baby, come to me pour Patti Austin et James Ingram… Ses compositions sont également enregistrées, entre autres, par Aretha Franklin, Rufus, Herbie Hancock et Karen Carpenter. Il écrit à nouveau trois chansons pour l’album suivant de Michal Jackson, “Thriller”, dont celle qui donne son titre au disque. Sa contribution à la musique du film La Couleur Pourpre en 1986 lui vaut une nomination pour un Oscar. Il se lance également comme producteur, travaillant notamment avec Klymaxx, New Edition, Michael McDonald, Patti Austin et Kim Wilde.

Il réduit cependant fortement son activité à partir des années 1990, se contentant de donner occasionnellement de nouvelles compositions (y compris, de façon improbable, à la chanteuse de variété française Lââm) et de voir son répertoire être repris – même Dalida s’est emparée de Baby come to me, transformé en C’était mon ami – et largement samplé, de Mariah Carey à IAM en passant par Angie Stone et LL Cool J.

Frédéric Adrian