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Chroniques / 12.09.2019

Robert Randolph & The Family Band, Brighter Days

Alors que l’on croyait que tout avait été inventé, les années 2010 auront vu l’éclosion de deux nouveaux stylistes de la six-cordes : Derek Trucks et Robert Randolph. Deux orfèvres ayant fait fructifier l’héritage de Duane Allman, deux slidemen qui partagent plus d’un point commun : une culture et une ouverture d’esprit hors norme, un sens du dépassement individuel et collectif, une propension naturelle au lyrisme. Chacun de leur côté, accompagnés d’une équipe qui leur est dévouée corps et âme, ils construisent une discographie qui fera date, emblématique d’un courant terrien virtuose dans son exécution mais respectueux de ses traditions.

“Brighter Days” reprend les débats là où l’excellent “Got Soul” (2017) les avaient laissés : une énergie démoniaque, un songwriting synonyme d’évidence (plus deux reprises : le Mississippi blues Simple man de Pops Staples et la chaloupée I’m living off the love you give, popularisée par Little Milton), un chant lead et des chœurs comme possédés et, partout, ces piqûres de slide qui font grimper la température à chaque injection. Le Family Band n’a de cesse de réinventer la transe baptiste : le refrain ascensionnel de Baptise me, la funky Second hand man, électrocutée au clavinet et qui ferait presque croire qu’ils célèbrent les joies de l’adultère, les chorus de lap steel boostés à la glycérine (le final de I’m living off, littéralement inouï) ou le dernier titre, Strange train, hallucinant d’intensité.

La Family sait aussi ralentir la cadence, ainsi qu’en témoignent les ballades Have mercy ou I need you, belles à se pâmer. L’auditeur sort de ce disque pantelant avec une seule idée en tête : réappuyer sur la touche play. Combien de fois cela nous arrive-t-il vraiment ? 

Ulrick Parfum 

Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : Provogue/Mascot Label Group
Sortie : 23 août 2019

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