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Chroniques / 08.05.2020

Robert Cray Band, That’s What I Heard

Après la parenthèse de “Robert Cray & Hi Rhythm”, le Robert Cray Band reprend du service. On y retrouve les fidèles Richard Cousins à la basse et Dover Weinberg aux claviers, tandis que la batterie est confiée à Terence Clark ou Steve Jordan, ce dernier chargé aussi de la production, pour la sixième fois. « Une fois que tu commences à travailler avec Steve, c’est assez difficile de s’en passer », déclare Robert Cray, qui, bien sûr, se réserve vocaux et parties de guitare.

Il a aussi apporté quatre compositions nouvelles : le facétieux et funky Anything you want qui ouvre l’album, Hot qui prouve que Cray s’estime encore performant, This man où il proclame son aversion pour Donald Trump (« Get him out », répété 44 fois au final !) et Can’t make me change, tous assortis de solos de guitare, jamais démonstratifs, se fondant souvent dans le contexte musical. Il a aussi signé la ballade To be with you, écrite pour Tony Joe White. Tout aussi éclairantes sur sa personnalité sont les reprises. Là, la guitare se fait plus discrète encore, s’efface même, et c’est sa voix toujours soulful et ardente qui célèbre les œuvres choisies : un formidable gospel des Sensational Nightingales, Burrying ground, You’re the one, un succès pour Bobby Bland, et une compo de Curtis Mayfield en 1963 pour les Impressions, You’ll want me back, au falsetto admirable.

La musique de Robert Cray n’a rien de guindé et le R&B insouciant et dansant des ’60s l’a marqué ; il prend un plaisir évident à reprendre My baby likes to boogaloo de Don Gardner ou le Do it de Billy Sha-Rae, s’offrant au passage le concours de Ray Parker Jr à la seconde guitare. Même si ce nouvel album ne nous apprend rien de nouveau, il rassure. Quarante ans de carrière n’ont entamé ni la créativité ni l’appétence de Robert Cray. 

Jacques Périn

Note : ★★★★
Label : Nozzle-Thirty Tigers
Sortie : 28 février 2020

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