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Live reports / 08.06.2022

Rives de Blues & Co 2022

Soucelles, Rives-de-Loir-en-Anjou (49), 20 et 21 mai 2022.

On se réjouit forcément de voir émerger un nouveau festival de blues. Son initiateur n’est pourtant pas un novice, puisque Jean-Claude Lizée s’est déjà signalé avec sept éditions de l’Oudon Blues Festival en Loire-Atlantique. Il a maintenant posé ses valises en Anjou, sur les bords du Loir, à Soucelles. 

Cette première édition a fort bien commencé avec La Bedoune et s’est terminée en beauté avec Elise & The Sugarsweets. Entre les deux, il a souvent fallu être plus indulgent ou composer avec le “& Co” de l’intitulé !

La Bedoune revenait tout juste de l’International Blues Challenge de Memphis où elle avait accédé à la finale, catégorie solo/duo. Véritable couronnement pour ce binôme constitué de Cécile au chant et la guitare basse électroacoustique et Greg à la guitare électrique et aux percussions. Leur prestation angevine a largement démontré que cette consécration n’avait rien d’usurpée. Cécile présente avec malice chacune des compositions (presque toutes) originales, des textes malins portés par une voix expressive et enjouée. Outre le soutien rythmique et swinguant, la guitare de Greg s’offre de bons solos dans une veine blues jamais démentie. 

Tony Martin est un guitariste nantais apprécié, déjà vu aux Rendez-vous de l’Erdre., influencé par le blues rock. Avec son groupe, Brooklyn, il semble pourtant hésiter entre jazz, blues et pop rock, un registre qui convient à la chanteuse, Floriane Drune, quand le leader semble plus enclin à reprendre Stevie Ray Vaughan ou B.B. King (mais The thrill is gone est passablement loupé).

Ils invitèrent en rappel le guitariste Zacharie Defaut qui devait leur succéder à la tête de son groupe. Originaire de Bordeaux, le Zacharie Defaut Band revendique l’influence de Gary Clark Jr. et de John Mayer. Blues rock surtout, le deuxième élément prenant souvent le pas sur le premier. 

La Bedoune
Brooklyn
Zacharie Defaut

Grand Lieu, un groupe de Cholet, ouvre la soirée du samedi avec des reprises empruntées à Crosby Still Nash & Young, Toto ou Christopher Cross. Cap sur la Californie et son rock mélodieux, illustré par des vocaux bien harmonisés.

Âgé de 12 ans, Valentin Vasseur avait miraculeusement partagé la scène de Pleyel en 2018 avec Buddy Guy le temps d’un morceau. Quatre ans plus tard, il persiste dans le registre guitar hero, avec le seul soutien du batteur Aurel Wienc, tout aussi précoce et démonstratif. Leur set a les qualités et les défauts de leur jeunesse : l’audace d’un côté ; la surenchère de l’autre. S’ils comprennent que le blues est surtout affaire de feeling, un bel avenir leur est promis. 

Des problèmes de retours retardèrent le set d’Elise & The Sugarsweets, mais une fois installé le groupe donna la mesure d’un professionnalisme et d’une compétence jamais démentis. Au chant, Elise, en fait Yulia Gubenko, défend avec l’assurance d’une soul sister confirmée un répertoire essentiellement original, aux accents rhythm and blues et soul. Elle puise largement dans le tout nouvel album « Horosho », émouvante dans les ballades, pleine d’énergie dans les up tempos. Les Sugarsweets, renforcés d’une paire de cuivres (trompette et sax), délivrent un accompagnement puissant basé sur des arrangements au cordeau. Qui n’interdisent pas les interventions bien senties d’Olivier Raymond à la guitare ou tout en finesse de Bala Pradal aux claviers. Le blues n’était pas oublié pour autant, avec une reprise du Something’s got a hold on me d’Etta James ou Not allowed to sing the blues, un titre signé Bernard Sellam (Awek) issu de « Horosho » (1)

Une nouvelle édition de Rives de Blues semble d’ores et déjà en gestation, elle méritera toute notre attention.

Texte : Jacques Périn
Photos © Ludovic.Sal

1. Le lancement officiel de l’album “Horosho” aura lieu le 11 juin au Jazz Club Étoile du Méridien.

Grand Lieu
Valentin Vasseur
Elise & The Sugarsweets