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Live reports / 10.10.2009

RHINO JAZZ(S) FESTIVAL – NUIT DU BLUES

Le temps d’une soirée, la ville de St-Chamond renouait avec son passé (excellents festivals blues des années 90) en accueillant la Nuit du Blues dans le cadre de la 31e édition du Rhino Jazz(s) Festival, une manifestation chère à son directeur Jean-Paul Chazalon.
L’évènement était de taille puisque une salle archicomble accueillait tout d’abord le guitariste virtuose Bob Brozman, par ailleurs excellent chanteur, maniant l’humour avec bonheur. On pouvait craindre que Bob Brozman, qui n’est pas un pur bluesman, tombe dans le piège de l’exercice de style parfois ennuyeux avec son assortiment d’une demi-douzaine de guitares. Il n’en fut rien et Brozman sut pour l’occasion se limiter à de rares digressions dont un morceau réunionnais emprunté à son ami René Lacaille. Son jeu percussif au dobro n’est pas sans évoquer celui d’un Son House mais avec plus de fantaisie dans les arrangements – pour preuve ces courtes intros de Paint it black et Smoke on the water émergeant brutalement d’un morceau comme un clin d’œil rusé à celui qui voudrait trop rapidement l’enfermer dans un style.


Bob Brozman © Jean-Philippe Porcherot

Route 69 to Le Havre, une idée du Rhino que de réunir sept musiciens de groupes mythiques de la mouvance rock et hard rock hexagonale de la fin des années 70 pour un set blues pêchu. Jack Bon (ex-Ganafoul – guitare, chant) accompagné de la paire rythmique Eric Delbouys-Stéphane Augagneur (batterie-basse) de Doctor Hell formaient l’assise de cette formation rhodanienne, Route 69, au sein de laquelle évolua le temps de deux titres, dont une belle reprise de Wilson Pickett, le chanteur Robert Lapassade de Killdozer tout comme son ami guitariste Edouard "DooDoo" Gonzales. Puis, Lahmi "Puce" Saïbi (ex-Factory) prit le relais à la guitare pour un Voodoo child de bonne facture. Dans un répertoire blues qui lui est peu familier, la célèbre voix du rock'n'roll en France, le parrain du Havre, Monsieur Robert "High Time" Piazza, aka Little Bob (Little Bob Story) sut tirer son épingle du jeu et inviter le public à danser devant l’estrade sur des reprises blues rock de titres de Slim Harpo ou de Skip James, une composition de JB Lenoir ayant servi d’intro. Tout ce beau monde se retrouva pour le final, un rock'n'roll emprunté tout naturellement à Chuck Berry, idole de leurs jeunes années.


Jack Bon © Jean-Philippe Porcherot


Robert Lapassade © Jean-Philippe Porcherot


Little Bob © Jean-Philippe Porcherot

C’est donc dans une ambiance survoltée que l’élégante Deborah Coleman monta sur scène aux côtés d’Olivier Freche (guitare), Roger Innis (basse) et Denis Palatin (batterie). Une formation solide secondant parfaitement la native de Portsmouth, Virginie, dont la voix bluesy à souhait et le jeu de guitare incisif et très inspiré nous entraînent dans un blues électrique charismatique. Un régal ! Son jeu très personnel, parfois funky et souvent inventif ne doit rien à personne si ce ne fut le rappel dans un style purement hendrixien. A noter le bel hommage à Koko Taylor au milieu de cette prestation de grande qualité qui enthousiasma le public. Standing ovation au final.
Jean-Philippe Porcherot


Deborah Coleman © Jean-Philippe Porcherot