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Live reports / 23.11.2018

RECORD KICKS 15TH ANNIVERSARY

Un label indépendant européen qui passe le cap des quinze ans, ça se fête, surtout quand c’est le cas de Record Kicks, spécialiste de la soul basésà Milan dont le catalogue comprend, entre autres, des albums de Martha High, Tanika Charles, Gizelle Smith et Calibro 35. Pour l’occasion, le New Morning accueillait deux des artistes phares de la maison de disques, toutes deux habituées des scènes françaises, la Portugaise Marta Ren et l’Anglaise Hannah Williams, chacune accompagnée de son groupe régulier – les Groovelvets et les Affirmations –, ainsi qu’un DJ set assuré par le patron du label.

Ce sont les Groovelvets qui s’emparent les premiers de la scène, vite rejoints par Marta Ren. Robe à paillette très courte et très décolletée, la chanteuse joue plus de son physique que de sa voix pour s’imposer avec un show qui emprunte l’essentiel de son répertoire à l’unique album du groupe, “Stop Look Listen”, même si Ren, qui a déjà presque quinze ans de carrière derrière elle, fait un clin d’œil à son passé au sein du groupe Sloppy Joe pour un titre aux agréables relents jamaïcains.

 

 

 

 

Si Ren ne manque pas de charisme et si elle bénéficie d’un solide répertoire (l’irrésistible I’m not your regular woman), elle reste une chanteuse médiocre, qui a recours à son énergie contagieuse pour faire passer ses évidentes limites vocales, surtout dans les aigus, de plus en plus perceptibles au fur et à mesure du show. Elle a, avec ses musiciens, suffisamment de métier et d’abattage pour faire passer l’ensemble à coup de “trucs” bien rodés mais la forte impression faite dans les premières minutes du show finit par se dissiper – ce qui ne l’empêche pas de recueillir un beau succès auprès du public. 

 

 

 

 

 

Changement de niveau après l’entracte occupé par la sélection obscure et brillante de Nick Recordkicks (ce n’est pas son vrai nom) : vocalement, Hannah Williams est de la classe des plus grandes et elle n’a pas besoin de jouer de son physique, d’ailleurs passablement improbable (elle a désormais les cheveux bleus), pour s’imposer. Un peu frustré par un concert en demi-teinte l’an passé, il n’y a cette fois rien à redire à la prestation de ce soir. Parfaitement en voix, accompagnée de deux choristes complémentaires, Williams déroule les titres de son disque avec une fraîcheur et une expressivité auxquelles peu de chanteuses ont accès.

 

 

 

 

Si l’orchestre et les choristes assurent un soutien à la hauteur, c’est bien Williams la patronne – au point même qu’elle négligera de présenter ses musiciens, ce qui n’est pas très élégant – et elle franchit en toute facilité l’ensemble des sommets de son répertoire – le tube Late nights and heartbreak, aussi puissant que sur disque, la reprise de Dazed and confused, toute en rage psychédélique – pour une prestation d’une grande intensité…

 

 

 

 

Pas de rappel en commun, ce qui peut s’expliquer par la disproportion des forces en présence, mais une belle soirée de soul vivante, qui a, heureuse nouvelle, attiré un public nombreux et enthousiaste. 

Frédéric Adrian
Photos © Frédéric Reglain