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Live reports / 15.09.2022

RC & The Gritz, Bizz’Art, Paris 

2 septembre 2022.

Comme tous les lieux de concert, le Bizz’Art a subi les aléas des deux dernières années et a réouvert ces derniers mois avec une programmation essentiellement composée de soirées et de concerts de figures de la scène soul parisienne. Ce 2 septembre de rentrée marquait donc le retour des invités américains à l’affiche du club du Quai de Valmy, avec la venue, pour la deuxième fois, de RC & the Gritz.

Basé à Dallas, le groupe est un ensemble à géométrie variable, emmené par le clavier R.C. Williams, collaborateur régulier d’Erykah Badu tant sur disque – depuis “Mama’s Gun” en 2000 – que sur scène, également entendu avec N’Dambi, Raheem DeVaughn et avec les Drumhedz du batteur Chris Dave. Pour cette courte tournée européenne, le groupe se présente en quartet avec en plus de Williams le batteur Cleon Edwards (autre accompagnateur de Badu entendu sur disque avec Eric Roberson et Carmen Rodgers),  le guitariste Michael Clowes (Erykah Badu, Shaun Martin…) et le bassiste Justin McKinney (Liv Warfield, Bobby Sparks, Chris Dave, Shaun Martin…), et la chanteuse Miracle Foster. Si la notoriété du groupe, qui a publié il y a quelques mois son quatrième album, “Live In Deep Ellum”, reste limitée, la salle est bien remplie et très enthousiaste pour accueillir les musiciens. 

Dès les premières notes de l’instrumental d’ouverture, les choses sont claires : nous sommes en présence d’une redoutable machine à groove, propulsée par un quatuor de pointures parfaitement rodées – il n’y a d’ailleurs visiblement pas de setlist, R.C. Williams lançant les morceaux aux claviers et les autres enchaînant sans hésitation… La température monte d’un cran quand Miracle Foster rejoint la scène. Sans démonstration inutile, la chanteuse s’impose immédiatement par son assurance et sa grande présence vocale sur un titre d’ouverture inattendu : une version revisitée du Smells like teen spirit de Nirvana ! La suite confirme la bonne impression initiale : qu’il s’agisse de titres du groupe (le très beau When will I see you, dont R.C. Williams précise qu’il a été écrit à Paris, Fallin’ in love…) ou de reprises bien appropriées (le Oops de Tweet ou le Don’t stop the music de Rihanna réinventé en ballade…). Le public, connaisseur comme toujours au Bizz ‘Art, se régale et en redemande, surtout quand Foster et ses camarades s’amusent à glisser quelques phrases du Doo wop de Lauryn Hill dans une autre chanson. 

Après une courte pause, Miracle Foster est de retour au micro pour le second set mais ne tarde pas à céder la place à une série d’invités habitués de la scène du Bizz’Art, parmi lesquels les chanteurs Khalil Maouene, Kiro et Clyde. Si la rencontre se fait directement sur scène, sans répétition préalable, le répertoire de classiques – Stevie Wonder, D’Angelo, Funkadelic… – est un terrain d’entente évident, et le résultat dépasse largement le stade de la jam banale grâce à l’implication des chanteurs et à la réactivité d’un groupe à l’efficacité jamais prise en défaut. R.C. Williams prend même le chant pour un medley Give up the funk / Swing down, sweet chariot qui convoque le souvenir des grandes années du p-funk, son clavier évoquant la créativité d’un Bernie Worrell.

Miracle Foster reprend place pour le final, une version du Lovely day de Bill Withers chantée à pleine voix, avec elle, par un public visiblement enchanté de sa soirée… Quelques minutes après la fin du show, c’est Tarriona Tank Ball, la patronne de Tank & the Bangas, qui franchit la porte du club pour y fêter au lendemain de son passage au festival de jazz de la Villette, son anniversaire. Une preuve de plus de la place particulière que joue le Bizz’Art sur la scène parisienne.

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Khalil Maouene