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Live reports / 26.05.2017

Raul Midon

Claude Nougaro aurait pu dire de lui qu'il fait jaillir la lumière de l’obscurité. Hasard ou coïncidence, c'est dans la salle qui porte le nom du poète toulousain que Raul Midon a illuminé les quelques centaines de spectateurs venus le voir, à l'occasion. Assez rare dans une ville où les artistes “étiquetés soul” oublient trop souvent de s'arrêter. Ce qui explique peut-être le calme relatif de l'auditoire ce soir-là : deux-trois têtes qui dodelinent ici, un sac de pop-corn – salés – qui se vide par-là… Plongé dans le noir et confortablement assis dans des fauteuils remplis jusqu'au dernier rang, le public n'aura que trop sagement goûté à un set largement composé des partitions de l'excellent “Bad Ass And Blind”. Le multi-instrumentiste américain prenant d'ailleurs le soin de traduire au micro, en français s'il vous plaît, le titre de son dernier album, devant le sourire enfin complice de l’assistance.

 

 

Épaulé par Billy Williams à la batterie et Romeir Mendez à la (contre)basse dans une formation trio inédite, Raul Midon a pendant une heure trente, fait étalage de son talent, unique. De musicien d'abord, caressant puis sermonnant de son jeu percussif les cordes de sa guitare ou la peau des bongos placés devant lui. Talent de chanteur ensuite, avec cette voix, profonde et puissante qu'il apprivoise depuis l'âge de 4 ans. Apprivoisée et pourtant libre de reproduire à la perfection le timbre d'une trompette lors d'un brillant interlude acoustique en solo, visité par quelques classiques (Sunshine, Everybody ou I Can't love you) d'un répertoire déjà bien rempli.

 

 

Pas d'entracte. Le retour à la formation initiale, entre jazz (All that I am), influences latines (Midon n'est-il pas le fils d'un danseur de flamenco ?) et inclinaisons funk (le slap coquin de Romeir Mendez a fait suer plus d'une enceinte) finira de conclure un concert rondement mené. Peut-être un peu expédié quand vient le rappel, pourtant longuement réclamé. Les premiers accords de State of mind résonnent à peine et l'on comprend déjà que les lumières vont bientôt se rallumer. Pour ne plus jamais s'éteindre.

Mathieu Bellisario
Photos © Jean-Luc Carlier