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Live reports / 04.06.2014

Prince & 3rdeyegirl

Sacré Prince ! Dans les choux discographiquement depuis au moins une douzaine d’années, il reste capable de remplir sans problème deux Zénith de suite, en plein week-end prolongé et malgré des tarifs prohibitifs (entre 77 et 143 € !), en annonçant le spectacle moins d’une semaine à l’avance.

Il faut dire que, sur scène, l’ancien kid de Minneapolis reste un performer incomparable. Après avoir longtemps tourné, sous une forme ou sous un autre, avec de copieux groupes cuivrés orientés jazz-funk, il se présente cette fois avec les 3rdeyegirl, un trio totalement féminin (Donna Grantis à la guitare, Hannah Ford à la batterie et Ida Neilsen à la basse), renforcé ponctuellement d’un clavier (Cassandra O’Neal) ainsi que, sur quelques titres, de la chanteuse Liv Warfield.

Souvent dénigré par les fans intégristes et la critique (mais on soupçonne quelques-uns de leurs détracteurs les plus féroces de considérer Yes comme un groupe de rock), le trio apporte à Prince une fraîcheur et un côté rock and roll (avec les approximations et les pains occasionnels inhérents) qui manquait parfois à la mécanique bien huilée des orchestres précédents. Après une attente meublée par une projection apaisante d’images d’aquarium et la diffusion de quelques inédits du patron, c’est effectivement dans un registre rock que s’ouvre le concert, avec un Let’s go crazy pyrotechnique repris en chœur par un public chauffé à blanc. Comme sur les autres dates de la tournée Hit & Run, c’est un florilège de tubes que va dévider sans temps morts Prince, passant quasiment sans transition de Raspberry beret à Controversy via Kiss, toujours aussi irrésistible, et When doves cry, pour une fois joué en entier. À 56 ans passé, Prince, aidé par une mise en scène spectaculaire, n’a rien perdu de sa capacité à occuper la scène, jouant avec un public qui ne demande que ça (quitte à frôler par moments le karaoké) et esquissant quelques pas de danse toujours aussi spectaculaires. Après un Little red corvette au ralenti, c’est sur un Nothing compares to you empruntant beaucoup à la reprise de Sinead O’Connor que se clôt la première partie du show.

Ce sont quelques titres plus récents qui ouvrent le rappel, de Guitar, excellent prétexte à solos hendrixiens, à Fixurlifeup, plein d’une ferveur quasi-gospelisante, avant que Prince donne une version particulièrement intense de Something in the water. Sans surprise, c’est Purple rain qui clôt ce court concert (1 heure 30 tout compris), dans une version rallongée, avec quelques notes de clavier inattendues dans l’intro et pluie de confettis pourpres au final. Une belle façon de conclure ce beau moment de communion de Prince avec un public qui lui reste, quoi qu’il en soit, toujours aussi fidèle…

Frédéric Adrian