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Brèves / 14.01.2013

Precious Bryant, 1942-2013

La chanteuse et guitariste Precious Bryant est décédée le 12 janvier 2013 à l’âge de 71 ans à Columbus (Georgie). Depuis six semaines, elle souffrait de complications suite à son diabète et d’insuffisance cardiaque. Née Precious Bussey le 4 janvier 1942 dans une localité de Talbot County (Georgie), une des huit filles d’une famille de neuf enfants, elle apprend la guitare auprès de son oncle George Henry Bussey. Ses parents étant également musiciens, sa mère officiant au piano et son père jouant du blues, elle connaît une enfance assez traditionnelle et chante régulièrement à l’église dès l’âge de 9 ans tout en apprenant la guitare. Lors de son passage en 2003 au festival Cognac Blues Passions, elle nous avait expliqué qu’elle avait également beaucoup appris « à l’oreille », notamment en écoutant la radio.

© : DR

Elle citait ainsi parmi ses influences des bluesmen très populaires comme Jimmy Reed, Muddy Waters, Elmore James et même Freddie King, qui sont pourtant éloignés du folk blues de la Côte Est qu’elle va parfaitement assimiler, sans doute en jouant énormément lors de house parties. Après des études menées jusqu’à l’équivalent de notre première, elle se marie en 1965 et prend donc le nom que nous lui connaissons. En 1967, elle est repérée par George Mitchell (auteur de nombreux enregistrements de terrain dans le Deep South à partir des années 1960) et grave une poignée de titres aujourd’hui difficiles à trouver. Mais Precious Bryant ne cherche pas à vivre de sa musique et se contente de se produire localement, notamment à l’église, même si Mitchell, qui a gardé un œil sur elle, la persuade en 1983 de participer au Chattahoochee Folk Festival. 


© : Axel Kustner / Big Hassle Media

Sa réputation grandit alors, mais il faut attendre encore près de vingt ans pour que sorte en 2002 son premier album, « Fool Me Good ». On y découvre une artiste au talent intact, dotée d’un jeu de guitare d’une rare fluidité et d’une voix aux accents juvéniles qui la rendent très émouvante. Elle enthousiasme donc l’année suivante le public européen pour ce qui sera sa seule tournée (elle refusera toujours d’en faire d’autres) sur les festivals, où l’on croise cette petite bonne femme intimidée et toujours flanquée de son fils Tony qui l’accompagne à la basse. En 2005, elle enregistre deux autres albums, « The Truth » et My Name Is Precious », ce dernier pour la Music Maker Relief Foundation, qui confirment les qualités du premier même si l’effet de surprise ne joue plus. La mort de Precious Bryant n’est pas du tout anecdotique car elle appartenait au cercle très restreint des derniers représentants du blues de la Côte Est également appelé Piedmont Blues, du moins en Georgie. D’ailleurs, quand nous lui avions demandé si elle se connaissait des émules vers chez elle, elle nous avait répondu : « Non, je ne vois personne, je pense être aujourd’hui la seule à encore jouer ce type de blues dans ma région. »
Daniel Léon