;
Live reports / 02.08.2012

Patti Austin

 

On avait du mal à y croire. Sauf erreur, Patti Austin ne s'était jamais produite en France sous son nom. C'est fait, au mois d'août à Paris, devant un New Morning assez bien rempli. Une semaine avant ses 62 ans, la filleule spirituelle de Quincy Jones et Dinah Washington est en forme olympique et rayonne de classe. Et ce soir, c'est Ella qui l'inspire.

Sobrement et brillamment accompagnée par un trio jazz allemand emmené par le pianiste Olaf Polziehn, Patti consacrera la quasi-totalité des deux sets à son album “For Ella” paru il y a dix ans et enregistré avec le WDR Big Band de Cologne. Quelques mesures de Too close for comfort suffisent à planter le décor, une grande voix est parmi nous. On a beau être au fait de son bagage technique, l'entendre à l'œuvre à bout portant dans un contexte feutré est un plaisir intense. Contrôle, modulation, variations de registre… Patti Austin ne s'“attaque” pas à la First Lady of Song, elle lui rend hommage en habitant véritablement chacune des chansons abordées. Quand elle s'octroie une envolée soul sur Miss Otis regrets, on touche au sublime. Frissons garantis. Le charme opère aussi grâce à ses talents d'actrice. En guise de transitions parfaitement huilées elle narrent des passages de la vie de Fitzgerald (qu'elle place loin devant, avec Aretha, dans son panthéon des chanteuses) et de la sienne avec un humour des plus affûtés.


Christian von Kaphengst et Olaf Polziehn

 

Après une touche de Gershwin (I'll build a stairway to paradise de son album “grammysé” “Avant Gershwin”) et un poignant How do you keep the music playing?, vient l'heure du rappel. Le public réclame Baby come to me. Le contrebassiste (Christian von Kaphengst) passe à la basse et Patti fait revivre son plus grand tube (n° 1 pop en 1982) en interprétant elle-même la partie de James Ingram dont elle accentue les intonations viriles. Fort ! Retour au jazz pour conclure avec une prouesse “scatistique” sur High as the moon. La grande classe, toujours.

Nicolas Teurnier
Photos © Stella-K