;
Brèves / 23.11.2010

On pleure Little Smokey Smothers

Décédé le 20 novembre à 71 ans, après être resté hospitalisé près d’un mois, Little Smokey Smothers ne pleure plus. Né le 2 janvier 1939 à Tchula au Mississippi, Abe (ou Albert) « Little Smokey » Smothers apprend la guitare vers l’âge de 15 ans et s’installe en 1956 à Chicago, où il retrouve son frère aîné, Otis « Big Smokey » (1929-1993). Grâce à ce dernier, il baigne très vite dans le milieu du blues, côtoie de grandes figures comme Otis Rush et Magic Sam, et il a même la chance d’enregistrer pour Chess avec Howlin’ Wolf. En 1961, il forme les Pipeplayers puis fait partie en 1964 des fondateurs du Paul Butterfield Blues Band, où il est rapidement remplacé par Elvin Bishop, avec lequel il entretiendra une longue amitié. Guitariste intense au jeu ancré dans la tradition sudiste, Smothers est surtout un très beau chanteur au timbre plaintif très particulier, il semble pleurer plus que chanter. Après une éclipse dans les années 1970 et 1980, il revient au sein du Legendary Blues Band (composé d’anciens accompagnateurs de Muddy Waters), puis enregistre en 1993 son premier album, « Bossman ! The Chicago Blues of Little Smokey Smothers » (Black Magic), sur lequel il retrouve Elvin Bishop. Un autre suit (« Second Time Around », Crosscut), il collabore également avec le chanteur Lee Shot Williams aux côtés duquel on le voit en Europe, avant d’obtenir une sorte de consécration discographique en réalisant en 2000 pour Alligator « That’s My Partner ». Le partner en question est bien sûr Bishop… Mais les années 2000 sont aussi celles des graves ennuis de santé. Il essaie de poursuivre sa carrière avec Bishop (il tourne également un temps avec Lurrie Bell et Matthew Skoller), mais il disparaît de la scène en 2006. Une attaque et surtout un diabète invalidant qui lui a déjà valu l’amputation des deux jambes ont finalement raison de lui. En 2009, pour lui venir en aide, Elvin Bishop avait enregistré l’excellent « Chicago Blues Buddies » (voir chronique dans notre numéro 197), qui regroupe des faces des deux compères datant de 1993 et 2006 (Black Derby).