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Chroniques / 20.05.2021

Oliver Wood, Always Smilin’

Envisagé initialement pour succéder à “Kingdom In Mind”, le précédent opus des Wood Brothers, ce nouveau projet, bousculé par le Covid, aura finalement pris la forme d’un premier album solo. Que les fans – de plus en plus nombreux – de la fratrie du Colorado se rassurent : Oliver Wood reste fidèle à ses obsessions stylistiques mêlant country folk, blues downhome et gospel hanté, sous-tendues de rythmiques funky et traversées d’un souffle libertaire propre au jazz. 

“Always Smilin’ʺ est un album d’atmosphères qui combine la fièvre titubante du samedi soir et la ferveur solennelle du dimanche matin à l’église. Le péché, la rédemption : toute la dualité du Sud. On pense au Band bien sûr, mais aussi au Bobby Charles de 1972, qui exprimait une humanité et un sens de l’abandon assez similaires, un dilettantisme de façade qui masque avec élégance les doutes et les angoisses… Car Oliver Wood est un très grand songwriter, capable d’écrire des vignettes qui marquent durablement l’auditeur. Impossible de ne pas être bouleversé à l’évocation de cette ville disparue (Soul of this town), intrigué par ces mystérieux personnages qui meurent en souriant (Molasses) ou de ne pas entendre résonner en soi ces fantômes du passé avec lesquels nous devons tous nous confronter (Roots). Des histoires aux allures de paraboles portées par un chant cabossé qui n’élude aucune faiblesse et soutenues par des musiciens en état de grâce.

Riche sans être étouffante, la production boisée met en avant la richesse des voix (Susan Tedeschi et Freda McCrary en sidewomen de luxe) et l’énorme apport du percussionniste et multi-instrumentiste Jano Rix, dont nous mentionnions déjà la qualité du travail le trimestre dernier sur le disque de Brigitte DeMeyer.  

Ulrick Parfum

Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : Thirty Tigers
Sortie : 21 mai 2021

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