;
Live reports / 21.10.2018

Nuits Cajun

Vingt-cinq ans déjà que le festival Cajun et Zydeco de Saulieu poursuit, “bien vaillant”, sa route avec comme capitaine Didier Lonjard tenant la barre et le cap, heureusement bien soutenu par la commune. Avec le Festival de Pontchartrain dans les Yvelines se sont les seules manifestations dédiées à cette musique pourtant francophone. La recette reste la même : plusieurs groupes vont jouer et faire danser les aficionados avec strolling, two-step, valse, l'après-midi à la halle du marché couvert et le soir dans la grande salle Jean-Bertin. En petit déjeuner, il y a toujours les stages de danse et les ateliers de 'tit fer et de frottoir pour débutants. Pour l'accordéon et le violon, les apprentissages restent pour des non-débutants (à quand des initiations ?). La plupart des groupes sont français : Prairie Ronde, Bélisaire, Bayou sur Seine, Zarico NouveauBlues Bayou et les Britanniques Rough Chowder, nouveaux venus au club, avec Cheryl (chant, frottoir) et Ian McIlroy (chant, accordéon), Andrew Craggs (guitares), Mervyn Wallis (violon), Geoff Ansell (batterie).

 


Bélisaire

 


Rough Chowder

 


Rough Chowder

 


Didier Lonjard

 

Tous ces groupes, pendant des heures, vont être les hors d'œuvres d'Yvette Landry, le plat principal,et de ses amis arrivés directement des USA, sauf Antoine Fève, batteur belge, et Sacha Ruffieux, bassiste-guitariste suisse. Le sourire et l'énergie d'Yvette est communicative et, en plus, elle connaît bien cette scène du Morvan pour l'avoir pratiquée en 2010 avec ses copines (Bonsoir Catin) et en 2012 (Marais Bouleur). Yvette était chez elle ! Tout en assurant le chant, avec ses brillants accompagnateurs américains, elle alternera, basse, guitare et accordéon pour nous emmener dans un répertoire bien sûr cajun et zydeco, mais qui débordera vers le Swamp pop et le rock 'n' roll. Le violon virtuose de Beau Thomas nous transportera et nous ravira à chaque intervention. Quant à Roddie Roméo, s'il excellera au chant et à l'accordéon, son jeu à la silde guitare nous enverra dans des univers proches de Ry Cooder ou Sonny Landreth…

 


Yvette Landry

 


Beau Thomas, Roddie Roméo

 


Beau Thomas

 

 

Il ne faut pas oublier la 18nuit du cinéma louisianais proposée par Jean-Pierre Bruneau, spécialiste et amoureux de la Louisiane et des films. 

En ouverture : Cajun and Creole de Chantelle Trahan (52 min, USA, 2018) raconte l'histoire d'Horace Trahan (son mari) et de Rodney Bernard (né en 1937), son père. Il a accompagné, à ses tout débuts, Rockin’ Dopsie, Marcel Dugas, Thomas Fields, Sampy et les Bad Habits ainsi que Lynn August. Avec Fernest Arceneaux, il jouait de la musique “French La La,” au répertoire blues ou R&B : « Fernest ne jouait pas de zydeco à l'accordéon : c'était le rhythm and blues de Fats Domino ou Bobby Blue Bland ! », raconte, entre autres, Bernard. Le film a été présenté au festival de Pontchartrain au printemps dernier : Horace Trahan est venu y jouer, hélas, sans son beau-père car le médecin lui avait déconseillé, à plus de 80 ans, le déplacement. Un beau film sur ce discret et sympathique acteur de la musique louisianaise et de sa succession.

Looking For Victor (30 min, France 2018) est un road movie de Lucile Nabonnand et Étienne Simon. Filmé en noir et blanc, les deux réalisateurs recherchent un ami musicien. Au hasard des rencontres, la musique reste présente : blues, jazz, cajun (joué par des Danois !) ou orchestre second line, le tout pimenté de péripéties et rencontres improbables qui nous font déambuler sur les routes et dans les villes louisianaises.

En avant-première était présenté Black Indians (93 min, France, 2018) de Jo Béranger, Édith Patrouilleau et Hugues Poulain. C'est le premier film français entièrement consacré à cette tradition centenaire où les Afro-Américains se déguisaient en indiens, cousant pendant des mois leurs magnifiques costumes (voir dossier dans SB 232). Hugues Poulain, le cameramen, était présent à la projection : c'est lui qui a monté et finalisé ce beau documentaire admirablement filmé, Jo étant malheureusement décédée en 2015. À découvrir en salles à partir du 31 octobre. 

Pourquoi changer une recette qui marche ? À Saulieu, les ingrédients sont les mêmes : musique, danse, rencontres, invités, cinéma et bien sûr l'indispensable jimbalaya et les bananes au pécan caramélisé du chef Michael Richard… Rendez-vous en 2019 !

Texte et photos : Christian Esther