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Live reports / 06.08.2009

NUITS CAJUN & ZYDECO

Les Nuits Cajun et Zydeco de Saulieu se caractérise avant tout par une ambiance festive qui envahit la petite cité bourguignonne dès le premier jour du festival.
La musique cajun s’invite aux terrasses des bars pour des bœufs improvisés où il n’est pas rare d’y croiser certaines têtes d’affiche de ces rencontres musicales. Le public, cosmopolite, essentiellement européen, se voit proposer un choix d’activités variées (projections cinématographiques le 6 août et conférence sur la Louisiane, stage de danse ou d’instruments divers le 8 août). Chaque après-midi, un bal gratuit attire une multitude d’amateurs de two-step, de valse ou de madison. Et comme cette région se veut l’un des fiefs de la gastronomie, c’est donc tout naturellement qu’à chaque repas le chef Michael Richard (Lafayette, USA) apporte sa touche personnelle et ses recettes aux amateurs de jambalaya ou de gumbo.
La programmation artistique de Didier Lonjard (accordéoniste de Blue Bayou) ne souffre aucune critique tant la qualité est au rendez-vous à chaque soirée de cette 16e édition dans l’immense Espace Jean Bertin rapidement envahi par les danseurs.


Paul Asher (Elvis Fontenot & The Sugar Bees) © Jean-Philippe Porcherot

Vendredi 7 août : C’est Grand Prairie Special qui ouvre le bal. Musique cajun "old time" au programme pour cette excellente formation française emmenée par Claude Javelaud au melodeon.
Puis ce sont les six musiciens anglais de la formation Elvis Fontenot & The Sugar Bees qui prennent possession de la scène pour un set musclé. Paul Asher (accordéon, violon, chant) et Nick Barber (accordéon, frottoir, chant) assurent le spectacle. Ça déménage et même si parfois cela peut paraître brouillon, l’énergie dégagée par le groupe enchante le public. Du swamp rock avec des titres éclectiques relookés, comme ce Bad moon rising des Creedence Clearwater Revival ou ce Sugar bee transpirant le blues, offrant au bassiste Stuart Duthie l’occasion de briller grâce à un excellent solo… d’harmonica.


Corey Ledet © Jean-Philippe Porcherot

Corey Ledet & His Zydeco Band en vedette américaine fut ovationné à juste titre non seulement par les connaisseurs, mais par l’ensemble du public. Le répertoire de Corey "Lil Pop" Ledet, dans un style zydeco original, est essentiellement tiré de son récent CD "A Matter of Time" (2009). Pour son unique concert en France, cet accordéoniste texan natif de Houston nous gratifie d’une prestation remarquable de feeling alternant morceaux traditionnels et compositions personnelles dont les excellents Moi femme c’est fou et Need your love, sans négliger la reprise du titre Don’t you leave me en forme d’hommage à Geno Delafosse, l’une de ses influences majeures avec Rockin’ Dopsie et bien sûr Clifton Chenier.
Belisaire, second groupe français invité, a la charge de clore cette soirée dans son style musical de facture plus classique. Tâche dont il s’acquitte parfaitement.


Chris Hall (Cajun Roosters) © Jean-Philippe Porcherot

Samedi 8 août : Le groupe britannique La Petite Ou La Grosse fait d’emblée un carton auprès des danseurs avec son style très traditionnel. Mention spéciale pour la chanteuse-guitariste écossaise du groupe dont la voix est en parfaite adéquation avec la musique délivrée par ce band au sein duquel Chris Hall officie en qualité de batteur.
Nous retrouvons le même Chris Hall à l’accordéon et au melodeon en leader des Cajun Roosters, meilleur groupe européen actuel de musique cajun. Pointure en matière d'accordéon, Hall n’a pas déçu le public d’autant que son compère, le violoniste allemand Hartmunt Hegewald, fut son alter-égo dans un répertoire puisé au sein des trois CD déjà enregistrés par cette brillante formation. A écouter sans modération !


Blake Miller (Lafayette Rhythm Devils) © Jean-Philippe Porcherot

 


Randy Vidrine & Yvette Landry (Lafayette Rhythm Devils) © Jean-Philippe Porcherot

En provenance directe de Lafayette, Louisiane, les musiciens de Lafayette Rhythm Devils, sous la houlette du guitariste-chanteur Randy Vidrine, nous gratifie de la prestation de haut niveau attendue par tous les danseurs présents, le tout dans la bonne humeur. Si le répertoire n’est pas d’une très grande originalité, il n’en reste pas moins que les qualités musicales de ce groupe en font l’un des meilleurs de la scène américaine actuelle dans ce style. Je fus agréablement impressionné par le jeu d’accordéon du jeune Blake Miller… tout comme je fus conquis par le superbe sourire d’Yvette Landry à la basse.
Dernier set de la soirée avec Grand Prairie Special pour les fanatiques du two-step qui n’avaient encore que partiellement puisé dans leurs réserves. Chapeau, mesdames et messieurs les danseurs !

Dimanche 9 août : La grande journée dansante avec bal gratuit en plein air sous l’ombre agréable des tilleuls de la Place Monge fut l’occasion de passer en revue l’ensemble des formations européennes qui animèrent ce festival. Je pus ainsi apprécier le groupe hollandais Downtown Cajun Band du violoniste Will Pieters que je n’avais pu écouter la veille et danser sur la musique des Français de Blue Bayou, piliers de ce festival.

Merci à l’association Les Nuits Cajuns de Saulieu et ses bénévoles sans qui cette manifestation culturelle de notoriété internationale ne pourrait exister.
Jean-Philippe Porcherot