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Live reports / 26.03.2010

NUIT DU BLUES DE VAULX-EN-VELIN

Pour sa vingt-troisième édition, le festival À Vaulx Jazz accueille sa traditionnelle nuit du blues au centre culturel Charlie-Chaplin. Première belle surprise, un public venu en (grand) nombre, au point qu'il faut jouer des coudes pour s'approcher de la scène… En attendant Magic Slim, les trois membres des Teardrops se succèdent au chant, soit le batteur Brian Jones (Walking the dog), si, c'est bien son nom, le bassiste Andre Howard (I just want a little bit) et le guitariste John McDonald (Screaming and crying). Le leader se présente selon un rituel immuable (« and now… the living legend… Maaagic Slim ! »), le pas pesant, puis il prend place sur un siège qu'il ne quittera plus. Car s'il lève encore les bras pour saluer l'audience, Magic Slim ne se lève plus, désormais, durant ses concerts. Le vieux lion est marqué, et ça commence à se voir et à s'entendre (des difficultés à monter vocalement, parfois des absences comme cette guitare hésitante sur That will never do). Dommage aussi que son batteur, pourtant bon car inventif, ait cru nécessaire de taper de plus en plus fort au fil du show, jusqu'à en faire trop (Part time love). Mais qu'on se rassure, le fauve domine toujours son(ses) sujet(s) et gronde encore, retrouvant par moments cette tension brutale à la guitare grâce à laquelle il incarne comme personne le blues le plus profond (I've got the blues, The sky is crying). Et comme on oublie un peu vite combien son registre peut être éclectique, il ne manque pas de nous le rappeler avec une version plus qu'enthousiasmante du classique soul de Wilson Pickett, 634-5789. De toute façon, au-delà des réserves, par l'émotion qu'il dégage, Magic Slim reste incomparable…


John McDonald


Andre Howard


Brian Jones


Magic Slim

En revoyant Kenny Neal pour la première fois depuis la maladie qui l'a éloigné des scènes durant un an en 2006/2007, on est d'abord frappé par sa maturité vocale : grâce à un timbre toujours grainé mais moins rauque, il chante vraiment très bien, sans doute mieux qu'avant ! Il a également conservé son sens de la scène, faisant le show de la première à la dernière seconde avec la même dépense d'énergie. Mais j'avoue qu'il m'a parfois déçu, étirant inutilement ses interventions à la guitare (I ain't superstitious, Little red rooster, The things I used to do, Since I met you baby), manquant de cette spontanéité et de cette intensité qui faisaient auparavant sa force. Heureusement et honnêtement, malgré là encore un batteur souvent excessif (Bryan Morris), il faut également souligner les bons moments quand il revisite son dernier CD (Louisiana stew, Blues, leave me alone), d'autant qu'il ouvre habilement son registre à la soul et au funk (on accepte même le synthé de son neveu Tyree, qui remplace les vrais cuivres, également remarqué au chant et à la guitare sur Born under a bad sign). Kenny est également à l'aise sur des titres endiablés comme Bop 'til I drop, Got my mojo workin' à l'harmonica avec bain de foule (une recette qui marche toujours !), et sans doute plus encore sur la ballade louisianaise Rainin' in my heart. Et quoi qu'on en pense, le public a pleinement adhéré, se ruant d'ailleurs comme rarement à l'issue du concert sur les CD proposés à la vente. Un signe dont il faut tenir compte.
Daniel Léon


Kenny Neal


Darnell Neal


Tyree Neal


Kenny Neal