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Live reports / 21.10.2010

NINA ATTAL – MALTED MILK

Beaucoup de monde au New Morning pour cette "soirée de lancement" de l’album Sweet Soul Blues de Malted Milk, pourtant déjà vieux de plusieurs mois. Qu’importe d’ailleurs puisque c’était l’occasion de revoir sur une scène parisienne notre groupe nantais favori dont l’évolution ne peut que réjouir.

L’occasion aussi de découvrir celle que l’on présente comme le phénomène de la scène blues soul française depuis son sacre lors du Tremplin Blues sur Seine de l’an dernier. Et c’est vrai que Nina Attal a tous les atouts pour séduire : la jeunesse et la fraîcheur qui va avec, la détermination et un talent indéniable, un univers original qui mixe diverses influences. Son court EP de cinq titres ne lui rend qu’incomplètement justice et sa prestation scénique de plus d’une heure prouve qu’elle a l’envergure et le répertoire (bonne reprise de Respect yourself) pour s’atteler à un album "long play". Sous une apparente fragilité, sa voix  attachante domine un contexte orchestral fourni, comprenant même des souffleurs (sax et trompette) concernés. Efficace sans plus, son jeu de guitare mérite encore d’être personnalisé  ; on regrettera aussi les trop longs solos peu passionnants de ses camarades (une critique récurrente aux groupes débutants) et ses minauderies d’entre morceaux. Des détails qui n’empêchent pas de céder au charme pétillant d’une demoiselle dont on a sans doute pas fini d’entendre parler.

 
Nina Attal


Malted Milk : Arnaud Fradin (g), Franck Bougier (tp)

En comparaison, les Malted Milk passeraient pour de vieux routiers s’ils ne se remettaient pas en question régulièrement. L’excellent groupe de blues que l’on a découvert dans les années 1990, féru d’Albert King et de Chicago blues, a évolué et changé de personnel, sans doute à l’instigation de son leader, Arnaud Fradin. Toujours brillant, son jeu de guitare s’est frotté à d’autres influences plus funky, mais, surtout, son chant a considérablement progressé, capable d’aborder le répertoire soul le plus sophistiqué. Il est aussi un des rares Français à maîtriser à ce point l’art du falsetto.


Malted Milk : Igor Pichon (b), Yann Cuyeu (g)

Pas d’égotisme chez ses compagnons, les arrangements sont précis et les solos s’inscrivent toujours dans la logique du morceau. Le saxophoniste Sylvain Fétis et le trompettiste Franck Bougier, d’une efficacité éprouvée, ajoutent leurs chorégraphies enjouées aux riffs percutants.


Malted Milk : Sylvain Fétis (ts) et Arnaud Fradin (g)

Le répertoire fait la part belle à l’album "Sweet Soul Blues" ("Pied" de Soul Bag 195), mais comprend toujours d’anciens titres et quelques reprises bienvenues de I want to ta ta you de Guitar Watson ou de Hey pocky way, bien typés. Le lait malté est décidément une boisson dont il faut se méfier, elle est beaucoup plus corsée qu’il n’y paraît et l’addiction guette.


Arnaud Fradin

Jacques Périn
photos © J. Périn