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Live reports / 16.12.2019

Nico Duportal & The Sparks, Jazz Café Montparnasse, Paris

22 novembre 2019.

Réunis dans l’enceinte feutrée du Jazz Café Montparnasse, Nico Duportal et son nouveau groupe The Sparks fêtaient le 22 novembre dernier la publication de leur excellent “Dog, Saint & Sinner”, couronné du Pied dans notre nouveau numéro. Devant un public composé de fans, de confrères et de spécialistes blues & soul, ils ont confirmé tout le bien que l’on pensait d’eux, passant en revue l’intégralité de l’album plus quelques nouveaux morceaux « qui feront partie du prochain »

Impliqués, concentrés, très soudés, les Sparks sont constitués d’une paire rythmique souple et dynamique (Pascal Mucci à la batterie, Antoine Pozzo Di Borgo à la basse), d’une section de cuivres polyvalente (chœurs, percus, guitare acoustique) qui rue dans les brancards à chaque chorus (Alexis Bertein au baryton et Sylvain Tejerizo au ténor) et des claviers agiles d’Olivier Cantrelle, qui alterne au gré des titres sonorités d’orgue, de Rhodes ou de piano acoustique. Quant au patron, il conserve intactes toutes les qualités qui font de lui l’une des pointures de la scène Européenne : une présence scénique qui conjugue élégance, charisme, humour et humilité, un chant clair et bien articulé et, surtout, un jeu de guitare à la personnalité très affirmée. Nico Duportal fait partie de la race des stylistes, la plus rare, la plus précieuse, celle dont la technique, la culture et les parti pris sont mis au service d’une esthétique homogène et exigeante. Sa philosophie de l’impact privilégie la note juste au détriment des vaines logorrhées digitales, un son incisif et perçant évocateur du grand Jimmie Vaughan (influence assumée), une main droite percussive positionnée au plus près du chevalet et des rythmiques classieuses noyées de Leslie.

Sa nouvelle guitare, une magnifique Jazzmaster blanche fraîchement sortie de l’atelier du luthier français Jacobson, lui va à ravir. Pas facile à manier, ce modèle, conçu par Léo Fender comme une déclinaison améliorée de la Stratocaster et four commercial à sa sortie a depuis été utilisé par les musiciens désireux de marquer leur différence (Magic Slim, Pops Staples…). Nico s’inscrit dans cette lignée en mettant à profit toutes les ressources de l’instrument (tige de vibrato, dynamique des micros Hepcat, définition de la touche en érable…). Et pourtant, lorsqu’il empoigne une Epiphone SG Custom dont les caractéristiques (bois, manche, micros) n’ont rien à voir avec la Jacobson, son timbre demeure inchangé. C’est la marque des grands guitaristes : leur son vient des doigts, pas de leur matériel… 

Dès lors, avec de telles aptitudes et un tel répertoire, il n’est pas étonnant que la petite vingtaine de morceaux joués lors des deux sets ait été accueillie avec enthousiasme par l’auditoire. Citons, entre autres, le remarquable Sweet brown eyed woman et ses deux grilles de guitare et d’orgue, l’enjouée Time is the money of love, un nouveau thème soul soutenu par une jolie ligne prise à l’octave, le puissant hommage à Mavis sur Keep on keepin’ on, un Lost in her game sautillant, le contemplatif I’m a rollin’ man, le bouillant With my bare hands conclu en tempo dédoublé ou la splendide ballade orbisonienne Heartbroken teenager’s idol, co-écrite avec Theo Lawrence.

Olivier Cantrelle
Alexis Bertein, Sylvain Tejerizo
Nico Duportal, Sylvain Tejerizo

Le final fut à la hauteur du concert, avec Benoit Blue Boy venu poser ses éclats d’harmo sur I can’t afford to lose her, Sylvain Tejerizo défourailler des suraigus sur un spectaculaire blues instrumental et Stan Noubard Pacha revisiter à la guitare Lost in her game derrière un Nico Duportal survolté au micro. Tout sourire, les spectateurs, qui n’auraient pas dit non à un troisième set tant les deux premiers sont passés vite, vinrent en rangs serrés acheter l’album (disponible en deux versions : le CD à la pochette orange ou le 33-tours pressé dans un magnifique vinyle rose) puis saluer un Nico Duportal en nage et soulagé (l’appréhension des premières dates…). Souhaitons en lui beaucoup d’autres car son groupe, plein de sève, d’envie et de potentiel, dispose de tout le carburant nécessaire pour brûler les planches !

Stan Noubard Pacha, Nico Duportal, Benoit Blue Boy
Benoit Blue Boy

Texte : Ulrick Parfum
Photos © J-M Rock’n’Blues
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