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Live reports / 08.07.2011

NICE JAZZ FESTIVAL


Homemade Jamz Blues Band

Descendu de Cimiez, le Nice Jazz Festival a pris ses quartiers au centre ville, dans le jardin Albert 1er. Avec une politique de prix plus abordables et une programmation thématique  resserrée sur deux scènes, le festival a réussi une belle reconversion et attiré un très nombreux public. Morceaux choisis.

Le samedi 8 juillet, le théâtre de verdure accueillait trois sets de blues.
Le Homemade Jamz Blues Band
ouvre la soirée. Après deux premiers morceaux desservis par une sono quelque peu confuse, la famille Perry s’impose : blues solide, carré et évident plaisir de jouer. Passé le côté anecdotique de l’orchestre familial composé de très jeunes musiciens, Taya (batterie), Kyle (basse) et Ryan (guitare, chant) en grandissant ont su conserver leur fraîcheur tout en affirmant leurs personnalités.


Taya Perry


Ryan Perry


Kyle Perry

Deuxième partie avec Jean-Jacques Milteau dans sa formule “Soul Conversation”. Les deux belles voix de Ron Smyth et Michael Robinson ne manquent pas d’enthousiasmer un public déjà tout acquis à celui qui personnifie l’harmonica Blues en France.


Jean-Jacques Milteau


Ron Smyth et Michael Robinson

Comme lors de sa tournée d’automne 2010, Joe Louis Walker s’est entouré de deux excellents guitaristes. Décidément, avec Murali Coryell et Amar Sundy, le courant passe. Joe Louis, en grande forme, livre un set haute tension, alternant passage churchy, shuffle enlevé, vocal passionné, solo de guitare éblouissant, nous gratifiant au passage d'un blues en tempo lent d’anthologie. Joe Louis est l’un de ces musiciens capables de passer au niveau supérieur et d’atteindre l’instant magique. Applaudissements, rappels et Joe Louis revient sur scène avec Jean-Jacques Milteau pour un long final débridé : le public surchauffé danse au pied de la scène. Très belle soirée de blues.
Brigitte Charvolin


Joe Louis Walker


Joe Louis Walker et Amar Sundy

Si Anthony Joseph, avec son mariage de funk, soul, spoken word ou encore calypso, tout en incarnant l’héritage poético-politique d’un Gil Scott-Heron, a fait sévèrement remuer la scène Matisse, la folk-soul irisée de Asa est arrivée à temps pour calmer les esprits. Souvent cataloguée d’Ayo à lunettes, elle a pourtant prouvé que son répertoire était suffisant varié pour qu’on ne lui afflige pas ce qualificatif, surtout quand elle s’essaye à la trompette, avec un succès tout de même très relatif.


Anthony Joseph


Asa

NoJazz c’est un univers particulièrement barré avec leurs tenues scéniques qui nous font un peu penser aux délires futuristes de Parliament-Funkadelic et un sens du show bien à eux. Les Frenchies embarquent les spectateurs sur leur vaisseau et nous font voyager de Cuba à l’Afrique, d’un jazz-funk pêchu à l’electro en passant par des déflagrations proches du free jazz et un zeste de hip-hop à travers la contribution d’un MC londonien.

La chanteuse Skye Edwards a réinvesti le groupe de trip-hop Morcheeba depuis leur dernier album et cela justifie le déplacement. Sa voix aigre-douce, entre les grumeaux de Macy Gray et la volupté de Sade, se promène sur ces mélodies qui ont fait la marque de fabrique du groupe, entre pop, rock mais aussi soul, surtout quand il s’agit du très contagieux Rome wasn’t built in a day, incontournable tube de clôture.

Introduit par deux morceaux instrumentaux de son backing band, le Menahan Street Band, Charles Bradley apparaît sur scène, charismatique, dans une tenue que n’aurait pas renié son mentor, James Brown. La comparaison est évidente. Bradley nous donne là une belle leçon de soul, même quand il reprend un morceau de Neil Young (Heart of gold).

Toujours pour ce qui est de la rétro soul, le concert d’Aloe Blacc du lendemain est sûrement ce que je retiendrai le plus de ce festival. Epaulé par un groupe impeccable, le rappeur d'Emanon reconverti chanteur passe en revue son excellent album “Good Things”, n’hésitant pas à insuffler quelques touches de reggae à certains de ses morceaux. Un excellent moment.
Mathieu Presseq

Photos © Brigitte Charvolin