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Live reports / 01.08.2018

Nice Jazz Festival (Part. 2)

Aucune fan zone à l'horizon. Pas de défilé triomphal des Bleus sur la Promenade des Anglais. Et pour cause : la coupe du Monde est pliée depuis cinq jours. Malgré ça, à quinze minutes du coup d'envoi, le concert de Bilal a du mal à faire le plein. C'est dire l'audace du Nice Jazz Festival, toujours aussi pluriel dans sa programmation (Gregory Porter, Massive Attack, Gary Clark Jr ou encore Orelsan ont répondu présent cette année). L'audace d'avoir invité un artiste aussi rare que discret en France, plus connu pour ses featurings sélectifs (Common, The Roots, Kendrick Lamar…) que pour sa carrière solo en pointillé. 

 

 

Sans album à venir défendre sur scène (le dernier date de 2015, sans avoir fait date d'ailleurs), le chanteur américain devait avant tout convaincre. Il a choisi de surprendre. Dans sa formation d'abord, la même que lors de son dernier passage à Paris, cinq mois plus tôt, au Duc des Lombards. Seuls trois musiciens l'accompagnent : Joseph Grisette à la batterie, Conley Whitfield à la basse, et Randall Runyon à la guitare. Pas de cuivre. Pas de clavier. Pas de choriste. Racé, sans fioriture, comme les trois premiers morceaux du set, très brut de décoffrage. Un vrai tourbillon chargé en décibels, aux arrangements rock assumés. Planté droit comme un i derrière ses deux pieds de micro, Bilal cherche encore vocalement sa place dans ce brouhaha électrique. 

 

 

Après cette introduction digérée non sans mal, l'aventurier de la soul lâche enfin la bride, taquinant même la foule de façon très directe (« shake your ass please », pas la peine de traduire). Les morceaux suivants, piochés notamment dans l'album des débuts “1st Born Second”, illuminent de leurs accents plus neo soul la seconde partie du show. Citons For youSoul sista et Sometimes, présentés dans des versions remaniées et étirées jusqu'à plus soif, avec au milieu, quelques clins d'œil salutaires au passé. Les plus érudits, dont notre journaliste Mathieu Presseq présent également ce soir-là, auront reconnu le Candy de Cameo, ou une relecture de Don't stop the music, le hit disco-funk de Yarbrough & Peoples. 

 

 

Caché derrière des lunettes de soleil qu'il ne quittera pas du concert, Bilal osera même un passage scat sur Back to love, dans un interlude jazz pas franchement à sa place. Pas le temps de radoter : une présentation express de son bandet voilà le natif de Philadelphie reparti en coulisses. Cinquante minutes seulement après avoir gravi la scène Masséna. Déroutant et expéditif. 

Mathieu Bellisario
Photos © Anna Carbonnel