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Live reports / 02.05.2019

Nao, Gaité Lyrique, Paris

9 mars 2019.

La Gaité la guettait. Et fut prise par surprise : voilà qu’elle émerge sur un podium au sein du public en entonnant Another lifetime, l’entame de son nouvel album. Même si la distance avec son groupe resté sur scène réduit l’impact sonore, l’effet est garanti. Nao sait capter l’attention. Elle le prouvera tout le long d’un set consistant, habilement piloté dans le bel écrin de la très high tech salle parisienne, parée pour l’occasion de ballons qui renvoient à la pochette de “Saturn”. 

À l’image d’un Gallant, la mixture R&B-soul-electro de Nao, savamment distillée en studio, passe très bien l’épreuve de la scène. La Britannique est électrique, athlétique, irradiante comme sa tenue jaune fluo. Rendez-vous bien sûr avec son timbre acidulé si particulier et son phrasé agile, mais la chanteuse montre aussi l’étendue de son registre, dévoilant notamment une belle capacité à descendre dans les graves. 

Appliqué et impliqué, le quartet qui l’accompagne est bien disposé pour restituer les prods inventives de sa jeune discographie. Le guitariste dégaine à l’envie des cocottes coupantes ou opte pour un son qui lorgne le synthé, le bassiste alterne entre Fender Precision et Moog, le batteur est armé de pads… La polyvalence est de mise et l’exploration des deux albums va bon train. Make it out alive, Fool to love, If you ever, Orbit, Gabriel, Yellow of the sun, Adore you, Girlfriend… Nao arpente la scène, communique, transpire de joie et les choses s’emballent quand son funk un brin désaxé prend le dessus. C’est ce qui aurait dû se passer aussi avec l’imparable Inhale exhale, sauf qu’elle décide de l’introduire façon Brown sugar de D’Angelo, révélant ainsi la source d’inspiration du morceau. Sympa mais beaucoup moins tranchant, même si elle finira par basculer sur sa version. 

Deux rappels attendus offrent une conclusion idéale : aux secousses enivrantes de Drive and disconnect succède l’intense syncope en biais de Bad blood. La Gaité tangue, la Gaité danse. Et ne s’arrêta pas lorsque les lumières se rallument au son de Never too much de Luther Vandross. La Gaité a le sourire. 

Texte : Nicolas Teurnier
Photos © Frédéric Ragot

Line-up : Nao (chant), Joe Price (claviers), Andy Vickery (guitare), Henry Guy (basse, clavier), Samson Jatto (batterie).

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