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Live reports / 03.08.2018

Nantes In Blues

Le mois de juin commence le samedi 2 avec les String Breakers au Rouge Mécanique. Laurence Le Baccon (v), Sami Touré (g), Patrick Billon (org), Vincent Blivet (b) et Olivier Sueur (dm) respirent la complicité, la gentillesse, et ça transparait dans leur musique, affirmée, érudite, ferme, mais sans agressivité ni exagération, juste du bon goût. Soul, blues, funk, r&b et swing, leur répertoire est varié et mêle reprises grand teint, avec des choses moins convenues comme Eleonor Rigby en mode funky, et des compositions, ce qui est une bonne nouvelle, d’autant que celles-ci, Made a woman cry et Always find a friend to rely on, n’ont pas à rougir de la comparaison avec les autres titres. On aime le break en claquements de main sur Ain’t no love, le swing de Act right, l’introduction churchy à l’orgue de You’ve got a friend, le solo de guitare bluesy de Baby don’t you tear my clothes, le clavier wah wah de Kissing my love, ou les chœurs de Bi gold game. En fin de concert, Julien Broissand apparaît à la guitare et Fabrice Bessouat à la batterie.

 


The Possums

 

Le dimanche 10, c’est au Nid, au sommet de la Tour Bretagne, que ça se passe, avec The Possums. Thibault Ripault (g, vo), Matthieu Wanderscheid (Big Matth) (g), Julien Bouyssou (kbd), Mig Toquereau (b) et Bastien Cabezon (dm) ont un répertoire éclectique avec de la country de diverses époques dont une reprise de Merle Haggard, du blues de plusieurs origines, Lazy Lester, Lightnin’ Hopkins, Luther Johnson, du rock pas très éloigné de ce qui précède, Neil Young, Doug Sahm, sans oublier les compositions présentes sur leurs deux EP, dont les hits Take me down et Funnel of love, et deux autres chansons interprétées par Mig Toquereau et Bastien Cabezon. Le son des guitares, celui de l’orgue, les chœurs, tout est cohérent. En fin de concert, le lien avec le blues est renforcé quand Arnaud Fradin est invité à la guitare, puis au chant, avec Fabrice Bessouat à la batterie, pour un premier titre funky chanté par Thibault avant un blues lent pris par Arnaud. Les Possums se retrouvent entre eux pour le final et In the back of my mind

 


Thomas Troussier, Arnaud Fradin

 

Retour au Rouge Mécanique le vendredi 15 avec Arnaud Fradin et Thomas Troussier en duo acoustique. Les deux compères sont aussi les piliers du Roots Combo, il n’est donc pas étonnant que le répertoire ressemble beaucoup à celui du quatuor, en puisant aux mêmes sources, celles du blues downhome, depuis le Sud, Robert Johnson, Skip James, jusqu’au Nord, Muddy Waters, Hound Dog Taylor, avec des reprises plus contemporaines de Eric Bibb, Alvin “Youngblood” Hart ou Corey Harris. Joué par de tels talents, le résultat est souvent superbe, toujours apaisant, parfois très détendu, la voix d’Arnaud part régulièrement dans de jolies notes aigues et les solos d’harmonica de Thomas sont du miel qui coule dans nos oreilles. Alex de Vree intervient au chant sur Louise, avant le final d’Arnaud et Thomas sur Walking blues. Mais on n’en a pas assez alors ils reviennent sur un medley Walk with your maker / God don’t never change. De quoi repartir avec le sourire.

 


T-Bo & the Lightnin’ Rockets

 

Le vendredi 22, nous sommes à Saint Marc Sur Mer au Café Le Centre pour voir T-Bo & the Lightnin’ Rockets. Thibault Ripault (v, go), Mig Toquereau (b), Bastien Cabezon (dm), ça ressemble fort aux Possums, mais c’est JP Cardot qui est aux claviers et il n’y a pas de deuxième guitare. Et le répertoire tire plus vers le rock and roll, même si la country reste présente avec des reprises de Merle Haggard et Buck Owens, ainsi que le blues avec des emprunts à Lazy Lester, par deux fois, Magic Sam, un boogie blues chanté par Mig Toquereau et sa formidable voix, Junior Wells, et d‘autres reprises funky, west coast ou rhythm & blues. Côté rock and roll, on en appelle aux mânes de Bo Diddley avec Crackin’ up, Chuck Berry ou Jerry McCain avec Turn your damper down. Thibault est omniprésent à la guitare et on profite de ses accents à la Johnny Guitar Watson. Jull Gretschy est invité à la guitare sur Let’s go boppin’ tonight d'Al Ferrier avant de prendre aussi le chant sur Just one more time de Billy Gayles. Avec une telle maîtrise qu’on se dit qu’on aimerait bien le voir dans un concert dédié.

 


Sassy Swingers

 

Le dimanche 24, retour en altitude au Nid avec Les Sassy Swingers et leur jazz New Orleans en sextet. Sandrine Arnaud (vo, bjo, kz, perc), Mathieu Lagraula (bjo, tp), Erwan Thobie (sousaphone), Thibaud Thiolon (cl), François Tavard (tb), Simon Riochet (dm, perc), reviennent tout juste de Bagnoles de l’Orne mais cela ne semble pas avoir entamé leur énergie et leur allant. Voix affirmée et placée de Sandrine, rythmique du banjo, cohésion des cuivres, qui s’entremêlent comme il faut dans la plus pure tradition du jazz de la Cité du Croissant, avec en particulier le magnifique son de la clarinette, on est rapidement emporté, pas seulement via les oreilles mais aussi les pieds pour les quelques danseurs swing qui n’ont pas laissé passer l’occasion. Mathieu passe à la trompette et Sandrine au banjo pour la chanson The devil’s gonna get you de Bessie Smith et le superbe instrumental Soudan, qui apparaît en titre caché sur le disque du groupe après le morceau en français Va et vient. C’est un autre agréable moment, ces deux morceaux en français dans le concert, sans aucune incongruité. Suivent My dear et Blade in my soul et c’est la fin du premier set. L’obligation de se lever tôt le lundi matin nous fait partir mais ce n’est que partie remise pour un prochain concert complet.

 


Lazy Buddies

 

Le mois de juin se clôt le 29 avec les Lazy Buddies au Bal Pop à Saint Herblain. La salle se remplit d’abord de danseurs puisqu'une première tranche de 20h à 21h est consacrée à une initiation à la danse rock and roll. Les Buddies, Soizig Le Breton (vo), Dom Genouel (hca), Guillaume Rousseau (g), Nico Fleurance (g, vo), Jeff Vincendeau (qui remplace Max Genouel, b), David Avrit (dm, vo), investissent ensuite la scène pour une série de trois sets, entrecoupés de séquences où les danseurs sont relancés par des disques appropriés. Mais ils sont aussi sur la piste tout au long de la prestation du groupe, qui connait son affaire, et qui n’oublie pas, via Soizig, de présenter les morceaux et les danses qui peuvent se pratiquer à leur écoute. Le répertoire s’appuie évidemment sur celui de leur excellent disque “All In” avec Time to party en ouverture, puis Charly’s precious timeCan’t get over it ou Watch your step, et des reprises de Lazy Lester et Big Joe Turner. Les solos de Guillaume sont délectables, avec un très joli son et une attitude vraiment sympa, il n’hésite d’ailleurs pas à jouer avec la guitare derrière la tête. Dom est comme toujours dynamique à l’harmonica, Nico calme et serein à la deuxième guitare, tout en prenant le solo lead sur Time to party et la rythmique Jeff/David est impeccable. Soizig a son peps habituel, qui est pour beaucoup dans la fraîcheur de l’ensemble. Voilà un groupe qui joue pour le plaisir, le sien et celui des spectateurs. On repart de là détendu.

Texte et photos : Christophe Mourot