;
Live reports / 19.03.2018

Nantes In Blues

C’est au Buck Mulligan’s que le mois de février est lancé en son premier jour avec Little Tom & Jack, qui ne sont autres que Thomas Allain et Jakez Roland, par ailleurs pilier et leader de Jakez & the Jacks. Dans ce duo acoustique, c’est Thomas qui est le leader, chant, guitare, harmonica, tout en laissant une bonne place à Jakez à la guitare et de temps à autre au chant. Le répertoire consiste plus en l’interprétation acoustique de morceaux de blues électrique, de B.B. King à Jimmy Reed en passant par Lazy Lester, qu’en reprise de blues acoustique originel, ce qui n’est aucunement un reproche, et les deux compères le font bien. Thomas a des marges de progrès au chant mais il est déjà bien placé et sobre. À la guitare il est à l’aise, ainsi qu’à l’harmonica, tandis qu’à l’autre guitare, Jakez garde sa saveur West Side, le tout donnant une musique entraînante qu’on peut écouter sans modération.

 


Little Tom & Jack

 

Le 2 février, c’est au Café Le Centre à Saint-Nazaire que se produisent Kévin Doublé et Éric C, avec Franck Thomelet aux percussions. La formule est désormais connue mais on ne se lasse pas de la guitare sensible d’Éric, de sa belle voix au chant, de celle plus jazzy de Kévin et de son harmonica virevoltant, dont les solos sont autant de pépites, qui complètent bien ceux de la guitare, le tout souligné par les rythmes porteurs de Franck. Avec eux, le spectre blues s’élargit, depuis des titres puisés dans les années 30 et 40, voire avant, jusqu’aux années 50 et 60, de Blind Blake, Little Brother Montgomery ou Saint Louis Jimmy Oden à Jimmy Reed, Buster Benton ou Guitar Slim. C’est apaisant mais l’énergie est bien présente, on en ressort content et revigoré.

 


Kévin Doublé, Franck Thomelet, Éric C

 

Le 3, c’est au Zygo Bar que ça se passe avec Stomp Stomp. Découvert lors de Culture Bar Bars en novembre 2017, le quatuor est de plus en plus rodé et ça tourne joliment. David Avrit au chant et à la batterie, Lise Van Dooren au piano, Thomas Croguennoc au saxophone et Jeff Vincendeau à la contrebasse, et un répertoire pas si courant que ça avec des reprises des Harlem Hatfats, Slim Gaillard, Fats Waller, Slam Stewart, Lucky Millinder, Amos Milburn, Sticks McGhee, Joe Liggins et consorts, c’est une formule originale dans le paysage actuel. David chante efficacement et son talent à la batterie n’est plus à démontrer, Thomas a un superbe son de honker, Lise est délicate mais ferme au piano et Jeff est un métronome, ce qui ne l’empêche pas d’y aller d’un bon break de contrebasse sur Atomic cocktail. À noter l’apparition de Solenne Salas-Schumann au chant sur All right, okay, you win

Le 9 février à l’Orient Express à Rezé, c’est une des premières prestations publiques de The Three Generations avec leur nouvelle chanteuse Nazila, le reste du groupe étant inchangé, François Nicolleau et Laurent Marhic aux guitares, Philippe Bertrand à la basse et Patrick Broissand à la batterie. Le registre de Nazila semble plus étendu que celui de N’Deye avant elle, ce qui explique peut-être l’élargissement du répertoire, entre blues, soul et rhythm and blues, avec des reprises de Chris Kenner, Big Mama Thornton, Jimmy Reed, Nat King Cole, Otis Redding, Ivory Joe Hunter, Ray Charles, Ruth Brown, jusqu’à Sippie Wallace, ou Clara Smith, avec une érudite version de Don’t advertise your man. Chaque set est lancé par un instrumental avant que Nazila ne poursuive sur les titres chantés. Les solos sont partagés entre François et Laurent, ce dernier intervenant aussi en seconde voix sur You got me dizzy. Qualité de la musique, du son, modestie des acteurs, voilà pourquoi on aime ce groupe.

 


Nazila

 

Le 10, Max & the Freaky Buds sont au Dynamo, avec un retour à la formule d’origine, c’est-à-dire en trio sans bassiste. Max Genouel au chant et à la guitare, Thomas Troussier à l’harmonica et Hugo Deviers à la batterie, ça envoie ! Sont invités au concert Billy Boy Arnold, Slim Harpo, Little Walter, Shawn Pittman, Junior Parker, R.L. Burnside, les Red Devils, Hound Dog Taylor, Big George Jackson, Smiley Lewis, Jimmy Reed, Frank Frost et d’autres que Max Genouel s’amuse à dénicher, pourvu que ce soit rugueux et rempli de boogie, comme Bob Lenarde, connu aussi sous le nom de Bob Landers. Max est en progrès constant au chant et continue d’enrichir son jeu de guitare, Thomas, faut-il le répéter, est un des tout meilleurs harmonicistes français, et Hugo est délicieux, varié, précis et ferme à la batterie. À ce rythme-là, la fièvre monte dans les corps, le niveau descend dans les verres, une excellente situation pour un samedi soir.

 


Max & the Freaky Buds

 

Le 11, direction Saint-Agathon dans les Côtes d’Armor pour Guy King, le 14, retour à Nantes pour fêter la Saint-Valentin avec les Excitements et Hannah Williams & the Affirmations au Stéréolux, nous en parlons par ailleurs.

Le 15, l’émission de radio Prun’ de Blues fait son live dans les locaux du magasin Hurricane Music à Vertou. Au programme, Thomas Doucet et Arnaud Fradin & His Roots Combo. Ce sont ces derniers qui passent en premier et c’est une nouvelle fois un plaisir d’écouter leur blues, joué et chanté si superbement. C’est doux, apaisant, on se laisse prendre très volontiers, la grâce descend sur le public, tout le monde est heureux. Alors que les Soul-Kays tournent toujours, leur leader Thomas Doucet monte un nouveau projet, qui se rapproche de son autre ex-groupe Walkeenbird, et plaque un répertoire éclectique sur une base soul solide, jouée en quatuor avec Thomas lui-même au chant et au saxophone, Maxime Gilbert à la basse, François Gilbert aux claviers, et Bruno Guilbaud à la batterie. Ray Charles certes, mais aussi les Beatles, entre autres, sont invités à la fête, Thomas a la voix pour se permettre ça et les trois autres musiciens génèrent un groove adéquat. Le live d’Arnaud Fradin et le Roots Combo a été diffusé le 6 mars de 12 h à 13 h sur Prun’ Radio (prun.net) et celui de Thomas Doucet sera diffusé le premier mardi d’avril de 13 h à 14 h.

 


Arnaud Fradin & His Roots Combo

 


Thomas Doucet

 

Voilà pour février, où nous manquerons, entre autres, Jakez & the Jacks, mais il fallait prendre des vacances !

Texte et photos : Christophe Mourot