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Brèves / 03.10.2014

Muddy Waters n’était pas parfait

Notre ami Gérard Herzhaft nous a envoyé un message avec cette coupure de presse tirée du Chicago Defender du 5 juillet 1956, qui prouve, pour reprendre Gérard, que « Muddy était vraiment le Hoochie Coochie Man ! » L’histoire, à propos de laquelle le journal parle de « bagarre, d’actes malveillants et de vandalisme », et que l’on trouvera sans doute cocasse de nos jours, se déroule au Ricky’s Show Lounge, un club du West Side de Chicago. Elle a débouché sur l’arrestation de trois femmes, Geraldine Williams, Dorothy Shelton et Ruth Johnson (non visible dans l’article), et de deux hommes, James Triplett et donc Muddy. Tout aurait commencé avec un crêpage de chignons aux origines mal établies entre les trois femmes alors que Muddy était sur scène. Quant à James « Killer » Triplett, compagnon de route de Muddy dont il fut notament le chauffeur et le coiffeur, il n’a fait que tenter de s’interposer… Cela ressemble furieusement à une scène de jalousie qui a dégénéré : Dorothy Shelton, que le quotidien qualifie de « probable petite amie » de Muddy, aurait donc piqué sa crise… Certes, la bagarre n’a pas eu de conséquence fâcheuse (même si miss Shelton, du haut de ses 19 ans, détenait un revolver), seules les vitres du break de Muddy ayant souffert de la furie de la jeune femme.


Otis Spann, Hubert Sumlin, Muddy Waters et James « Killer » Triplett devant l’hôtel Jones à Memphis en 1956. © : courtesy of Mud Morganfield

Cet événement n’est pas inconnu, il est même évoqué en page 152 de la biographie publiée par Robert Gordon, Can’t Be Satisfied – The Life and Times of Muddy Waters (il est toutefois question d’un Ruby’s Show Lounge, ce qui est une erreur, mais la description des faits ne laisse pas de place au doute). Mais l’article que nous a transmis Gérard révèle un fait intéressant et a priori nouveau, le nom d’une outside wife de Muddy Waters, tout simplement une maîtresse. Car si elle est mentionnée plusieurs fois dans le livre cité ci-dessus, seul son prénom, Dorothy, apparaît, y compris dans l’index ! Muddy, alors marié à Geneva, ne voulait surtout pas que l’affaire s’ébruite, au point de charger James Cotton (alors membre de son groupe) d’aller acheter tous les exemplaires du Chicago Defender dans le quartier… Enfin, malgré cet incident, la liaison entre Dorothy Shelton et Muddy Waters se poursuivra au moins jusqu’en 1958. La photo ci-dessus provient de l’album de famille personnel de Mud Morganfield : on peut la retrouver avec d’autres images rares sur le site de Bob Corritore (que nous remercions) à cette adresse.
Daniel Léon