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Chroniques / 23.02.2022

Motorvatin’ , Songs From The Green Book Era, Vol. 3 & 4

Little Victor et Koko Mojo rendent hommage à Garrett Morgan (inventeur du feu tricolore !) et Wendell Scott (premier pilote noir de stock-car admis sur les circuits) à travers ces deux nouveaux (et derniers) volumes à leur série consacrée à l’automobile dans la musique afro-américaine des années 1950. Cette sacrée bagnole autour de laquelle les États-Unis se sont développés tout au long du XXe siècle, devenant un marqueur social dans toutes les communautés et couches de la société. Les titres sélectionnés, chantés ou instrumentaux, donnent un panorama des courants musicaux qui ont irrigué les fifties : jazz, doo-wop, rock ‘n’ roll et même surf (The Duals), mais ce sont bien le blues et le rhythm and blues qui sont privilégiés.

Les thèmes glorifient surtout les Cadillacs, marque de réussite ultime (J.D. Horton, Jerry McCain, Eddie Williams, The Treniers…), mais les Thunderbirds font aussi rêver (Rene Hall, William Walker) et même de cette bonne vieille T-model Ford (Lightnin’ Hopkins). On célèbre les highways, symbole d’évasion, la 51 (Smokey Hogg) ou la 59 (Roy Hawkins). On donne des conseils de conduite (Slow down baby, Benny Spellman), on célèbre la vitesse (Hot rod, King Curtis) mais on déplore une panne ou un pneu crevé (Flat tire, Johnny London). Avec, souvent, les allusions et métaphores grivoises attendues (My starter won’t work, Lightnin’ Slim ; Tiger in your tank, Muddy Waters, etc.).

Le niveau musical est majoritairement élevé avec quelques surprises, comme ce Swing low sweet Cadillac d’Aggie Dukes, variation très latin jazz du célèbre spiritual. Ou la trop méconnue Mildred Jones qui enflamme les Rockets de Pluma Davis ! 

Les voitures récentes étant dépourvues de lecteur CD, c’est dans le salon que vous écouterez ces anthologies, après avoir poussé les meubles pour mieux danser !

Jacques Périn

Note : ★★★½
Label : Koko Mojo
Sortie : 2021