;
Live reports / 02.12.2014

Montfort Blues

Encore une belle édition du Montfort Blues Festival avec un plateau varié et entraînant. En ouverture, The Big Shot, vainqueurs du prix “Montfort Blues” au tremplin des Rendez-Vous de l’Erdre en août dernier, montrent qu’ils franchissent une étape à chaque concert. Entrée travaillée sur une partie de piano de Martin Baudouin, qui en a manifestement sous les doigts, les autres instruments (g, sax, tp, dm, b) s’insérant tour à tour pour faire monter le swing et la tension. Le chant est partagé entre David Avrit et Max Genouel, desservis par une sono en retrait, ce qui sera malheureusement le cas toute la soirée. Il faut aussi trouver le bon endroit pour bien entendre le saxophone de Thomas Croguennoc dont le “honk” chatouille agréablement les oreilles. L’équilibre dans les solos est bon, le dernier arrivé Simon Pelé prenant petit à petit sa place à la trompette, et Max Genouel assumant son rôle de leader à la guitare, importance du look comprise. Lionel Hampton, Louis Jordan, Joe Liggins, Fats Domino, ils connaissent l’histoire et l’enrichissent d’originaux dans l’esprit. La reprise finale de Bye bye love, qui ouvre leur disque, détonne un peu.

 


The Big Shot

 

Ils laissent la place à l’Alexis Evans Trio qui va tout de suite donner une étonnante impression de puissance malgré leur format réduit. Attention, pas au niveau des décibels, mais à celui de la maîtrise, de la suggestion, de la précision, de la classe. Sans complexe, ils commencent avec Drown in my own tears, enchainent avec Barefootin’, revisitent Jimmy Nolen, et envoient un I can’t quit you baby avec long solo de guitare dont une bonne partie dans le public, frissons garantis ! Puis ce sera Magic Sam, Gene Allison, Wilson Pickett (Alexis nous apprendra à danser le Funky Broadway), avec entrelacés leurs originaux I hate your voice et I need that car. Aussi bien au chant qu’à la guitare, Alexis se nourrit de riffs, toujours à la relance, de silences, de notes qui claquent, dans un mélange de blues et de soul, comme un West Side sound revisité, tandis qu'Éric Boréave et Olivier Pérez pompent implacablement le rythme. En rappel, Who’s making love est un clin d’œil approprié à ce qui va suivre.

 


Alexis Evans Trio

 

The New Blues Generation rassemble Shawn Holt, fils de Magic Slim, Wayne Baker Brooks, fils de Lonnie Brooks, Tasha Taylor, fille de Johnnie Taylor, soutenus par Russell Jackson à la basse et Jerry Porter à la batterie. Premier constat : aucun n’a la voix de son père. Notons aussi qu’ils ne sont pas si “new” que ça, et qu’ils usent eux aussi des grosses ficelles auxquelles de nombreuses années de Chicago Blues Festival nous ont habitués. Le show tient cependant facilement la route grâce à leur professionnalisme, leur maîtrise de la scène, leur talent musical, l’efficacité du duo rythmique, Jerry Porter est un sacré batteur, on baigne dans un agréable bien-être. En entrée, Russell Jackson chante Let the good times roll. Shawn Holt enchaîne sur Goin’ down slow, suivi d’une série de shuffles et de Rock me baby. On l’attendait en fils de son père mais il reste cantonné dans un répertoire et des parties de guitare prudentes alors que son CD montre qu’il peut être beaucoup plus personnel.

 


Jerry Porter et Russell Jackson

 


Shawn Holt

 

Tasha Taylor prend la suite en robette et gestes suggestifs, avec I just want to make love to you. Lorsqu’elle se saisit d’une guitare, plus en accessoire qu’en véritable instrument, elle attire tous les photographes et une bonne partie du public mâle au pied de la scène, avant de terminer sur le prévisible Who’s making love. Quand son tour vient, Wayne Baker Brooks annonce la couleur en disant au public qu’il va jouer « un peu de blues rock ». Le son monte encore d’un cran et Wayne en remontre illico à tous les besogneux du genre. Avec lui, c’est de l’authentique, bien bluesy, ultra-efficace, avec le sourire et la classe. En final, Russell Jackson reprend le chant avec Why I sing the blues de son ex-employeur B.B. King, avant le rappel et Everything's gonna be alright.

 


Tasha Taylor

 


Wayne Baker Brooks

 

Texte et photos : Christophe Mourot