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Live reports / 20.11.2012

MONTFORT BLUES FRENCH HARP ATTACK !

Programmé par Cédric Cobret, le festival de blues de Montfort-Sur-Meu existe depuis cinq ans. Cette année, le concert du samedi soir est dédié à l’harmonica français, avec une escapade du côté de l’île de Jersey.

La première partie est assurée par The Lazy Bones, qui ont gagné le prix Montfort Blues lors du tremplin blues des Rendez-Vous de l’Erdre à Nantes fin août dernier. Les quatre jeunes nantais, Thomas Pichot (vo, g, hca), François Nicolleau (vo, g), Miguel Hamoun (b), Arnaud Migné (dm), montent en maturité dans le rhythm and blues mâtiné de rock and roll, emprunté aux meilleures sources (Wynonie Harris, Bobby Bland, Magic Sam, Johnny Guitar Watson, L.C. McKinley). Sharpest man in town est le temps fort avec un beau solo de François Nicolleau. Le son est bon, la fougue aussi, le sens du public est là, l’avenir est à eux.

 


The Lazy Bones

 

The Red Hot Blues Caravan associe l’expérience de Denis Flaichez (vo, hca) et la jeunesse de Thibault Ripault (g), associées à la solidité de Tiffany Slim (b) et Andy Martin (dm). Le leader a les traits burinés de celui qui a vécu et qui, du coup, est capable de produire un son authentique, rare, avec ses harmonicas, chromatique en ouverture, puis diatonique, de chanter à sa façon en se jouant du placement quand il le faut. Le groupe est particulièrement efficace dans les blues lents, ce qui est la marque des bons. Thibault Ripault, plus détendu que lorsqu’il était leader le week-end précédent à Blues Sur Seine avec les B.Boppers, est tout bonnement impressionnant de maturité et de maîtrise. Et en plus, il a de l’allure. Quelle aisance, quelle classe, quel son ! La section rythmique est excellente, le temps passe vite, au point qu’on en oublie presque de les prendre en photos !

 


Thibault Ripault et Denis Flaichez

 

Cédric Cobret sait varier les ambiances et fait passer ensuite Kévin Doublé, sous le nom de K4tet, avec un trio très jazzy, composé d'Eric Richard au piano, Anthony Muccio à la contrebasse et Patrick Jouannic à la batterie, lui-même officiant au chant, à l’harmonica et à la guitare. Grâce à Kévin, Bessie Smith, John Hendricks, ou autres personnalités du blues et du jazz, et même Green Day (si le très beau Boulevard of broken dreams est bien une reprise personnalisée de la ballade du groupe post-punk), nous rendent visite. Sa voix pourrait être plus puissante, mais elle est bien placée, crédible, avec un bon accent. Ses harmonicas non amplifiés sont magnifiques, c’est un vrai musicien qui s’exprime. Le trio accompagnateur est étincelant, Eric Richard y allant en particulier de belles parties au clavier.

 


Kévin Doublé

 

Changement rapide, à peine le temps de finir son verre, et voilà Jenny Lee and the Hoodoomen avec Pascal Fouquet à la guitare, Thomas Troussier à l’harmonica, Francis Marie à la batterie et Eric Lebeau à la contrebasse. Le groupe va se concentrer sur les reprises (Jimmy Reed, Peggy Lee, Carey Bell par deux fois) mais n’oubliera pas de jouer quelques originaux dont un sautillant Pretty gritty city, le tout bien chanté par Jenny dont l’origine américaine aide bien pour la crédibilité du chant. C’est un plaisir de retrouver Pascal Fouquet aux six-cordes avec un jeu peut-être un peu plus dur qu’avec les Bluetones ou les Hoodoomen d’origine, mais c’est normal d’avoir évolué. Et la classe est toujours aussi grande ! Thomas Troussier n’est pas en reste, aussi brillant que modeste, au service de l’ensemble, avec un son amplifié à tomber par terre.

 


Jenny Lee and the Hoodoomen

 

C’est l’Anglais Giles Robson, alias Big G, qui clôt la soirée, accompagné du trio des Rollin’ Cats, avec notamment le jeune Maxime Genouel à la guitare, qui officie aussi depuis quelques temps à la contrebasse des Lazy Buddies. Plus Magic Dick que Little Walter, Giles est particulièrement agile à l’instrument mais se tient toujours du bon côté de la force et sait ne pas basculer dans la démonstration pyrotechnique. C’est de plus un bon chanteur, bien placé, qu’un début de mal de gorge n’empêchera pas de se donner à fond. Les blues rapides et électriques se succèdent, entrecoupés de titres lents très efficaces et de deux morceaux en solo, un instrumental ferroviaire (Giles l’explique au public : « un harmoniciste qui se respecte doit savoir reproduire le son du “choo choo train” ») et une reprise du Steady rollin’ man version Sonny Boy Williamson n°2 sur Cobra. Maxime Genouel est une révélation à la guitare et on se dit qu’avec les deux autres jeunes François Nicolleau et Thibault Ripault, une génération dorée est en train de se préparer.

 


Big G

 

Texte et photos : Christophe Mourot