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Live reports / 06.04.2022

Monophonics, Trabendo, Paris

26 mars 2022.

Entre la venue sous son nom de Kelly Finnigan – marquée notamment par un excellent concert à la Maroquinerie en février 2020 – et la longue pause des tournées qui a suivi, les Monophonics ne s’étaient pas produits en France depuis quatre ans, et même depuis près de six ans en région parisienne. Depuis cette date, le groupe a eu l’occasion de sortir – au moment où commençait le confinement – un nouvel album, le très réussi “It’s Only Us”, mais aussi de se séparer d’un de ses membres historiques, le guitariste Ian McDonald, qui assurait depuis le début de l’aventure un rôle de co-leader avec Kelly Finnigan. 

Malgré ou à cause de cette longue absence, le Trabendo n’est pas tout à fait complet pour cette soirée qui ouvre une vraie tournée française de sept dates, mais les fans présents – parmi lesquels Ben (l’ex-Oncle Soul), qui a fait beaucoup pour leur réputation auprès du public français – sont enthousiastes et motivés. Après une courte introduction instrumentale, c’est Chances, le premier titre d’“It’s Only Us”, qui ouvre le concert, suivi comme sur le disque par Suffocating. Sans surprise, ce sont les titres du dernier album – jamais joués en tournée ici, donc – qui constituent le cœur du répertoire de la soirée, et six des huit morceaux le composant sont au programme. 

Finies les reprises et emprunts qui ont longtemps fait partie des shows du groupe : désormais, celui-ci n’interprète que ses propres compositions. Aux titres du dernier disque s’ajoutent donc des extraits de “Sound of Sinning” et de “In Your Brain”, les deux albums précédents, ainsi que deux compositions du 33-tours à venir, “Sage Motel”, attendu pour le mois de mai : le premier extrait Warpaint, diffusé depuis quelques semaines, et un inédit, Love you better, qui s’inscrivent dans la continuité de ce qui est venu auparavant. 

Assis au centre de la scène aux claviers, Kelly Finnigan est évidemment le patron de l’ensemble, mais ses collègues le suivent avec précision. À la basse, en particulier, Terin Moswen Ector, recrue relativement récente, assure un rôle propulsif très efficace, et son excursion solo, le temps d’un break sur Foolish love, est très bien accueillie. Reste que l’ensemble, malgré le talent évident de l’ensemble des participants, laisse une impression un peu mitigée. Il faut attendre Sound of sinning – le quatrième titre – pour que le groupe atteigne sa vitesse de croisière et que Finnigan se décide à tomber la veste, et Hanging on, encore plus tard, pour que la musique décolle vraiment – et que Finnigan, qui s’offre enfin un solo marquant, semble entrer dans la musique au point de quitter le confort de son siège ! 

Peut-être parce que c’est la première date de la tournée, peut-être parce que le groupe n’a pas beaucoup joué sur ces deux dernières années (Finnigan se tourne régulièrement vers les musiciens entre les morceaux), peut-être aussi parce que le poids du leadership repose désormais uniquement sur Finnigan, qui a plus peut-être en  tête sa carrière solo que celle de son groupe, l’ensemble donne l’impression d’une formation bien rodée qui récite son répertoire plus que celle de musiciens impliqués dans leur art, comme l’était Finnigan il y a deux ans lors de sa tournée solo, et l’enthousiasme des fans des premiers rangs ne contamine pas les spectateurs installés plus à l’arrière qui restent étonnamment calmes…

Cela n’empêche pas de passer une bonne soirée, tant le répertoire du groupe est qualitatif, mais reste un peu inférieur aux espoirs et aux souvenirs qu’avaient laissés leurs collègues Durand Jones & the Indications lors de leur passage fin 2019 au même endroit.

Texte : Frédéric Adrian