Dylan Triplett & The Simi Brothers, Blues sur Seine 2023
05.12.2023
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Depuis dix-sept ans, le MNOP (d’abord, Music of New Orleans en Périgueux, devenu “en Périgord”) fait découvrir à au public de Dordogne qui manifestement aime ça et en redemande les multiples facettes du son louisianais, qu’il s’agisse de jazz, de blues, de gospel, de rhythm and blues, de rock ou de funk. De juillet à fin août, pas moins de trente-six concerts étaient organisés en vingt-six lieux et réunissant seize formations différentes.
Point d’orgue de cette série de manifestations, le MNOP GranCircus qui s’est déroulé le samedi 22 juillet à Boulazac, banlieue de Périgueux qui a tout du mall à l’américaine. Dans la plaine de Lamoura, un agréable parc autour d’un lac, se dressait une très imposante scène en plein air avec, pour toile de fond, une photo géante de Bourbon Street. Après que le shaman Stéphane Colin eut chassé par de fortes paroles et avec succès les nuages noirs qui s’amoncelaient, près de mille spectateurs firent fête aussi bien au brass band local et déambulatoire Les Trompettes de la Mort qu’aux étonnants Rhum Runners qui font dans le rhythm and blues tropical et parodique un peu à la Kid Créole & the Coconuts (en moins disco, fort heureusement). Ils tirent une partie de leur inspiration de “l’exotica”, un genre “faux-tahitien” qui eut son heure de gloire aux USA aux alentours de la Seconde Guerre mondiale et auquel même Satchmo se convertit un moment.
Rhum Runners © Marie-Thérèse Delboulbes
Rhum Runners © Marie-Thérèse Delboulbes
Vint le tour du charismatique guitariste néo-orléanais Luke Winslow-King (natif de Cadillac, Michigan), particulièrement bien inspiré ce soir-là, adorant se mêler à la foule et pour un set plus rock que son dernier CD. Il était superbement soutenu par le slide-guitariste Roberto Luti qui vit à Nola, originaire de Livourne en Italie, et qui s’est fait connaître pour sa participation à quatre des fameuses chansons autour du monde (dont Stand by me) du projet “Playing For Change”.
Luke Winslow-King © Marie-Thérèse Delboulbes
Luke Winslow-King © Marie-Thérèse Delboulbes
Luke Winslow-King, Roberto Luti © Marie-Thérèse Delboulbes
Pièce de résistance de la soirée, Dumpstaphunk, le meilleur groupe de funk de La Nouvelle-Orléans (dixit le New York Times) qui, bien que fondé en 2003, effectuait pour la première fois une tournée en France et n’a pas manqué l’étape du MNOP. Du “gros son” grâce à une superbe machine composée de deux membres de la célèbre famille Neville, Ivan Neville (chant, claviers) et Ian Neville (guitare), des deux bassistes-chanteurs Tony Hall et Nick Daniels (ils jouent simultanément, s’entendent et se complètent à merveille), de David Goldstein à la batterie et de deux Chicagoans nouveaux venus dans le groupe, Alex Vasily au trombone et Parris Fleming (ex-The Heard) à la trompette.
Nick Daniels © Fabrice Della-Muta
Tony Hall, David Goldstein © Fabrice Della-Muta
Alex Vasily © Fabrice Della-Muta
David Goldstein © Fabrice Della-Muta
Le lendemain, pique-nique bon enfant et dominical à Champcevinel, plus proche de l’idée que l'on se fait d’un village périgourdin que Boulazac. De nouveau les Rhum Runners (mélange de Tourangeaux et de Toulousains qui ont pour nom Tony Mojito, trompette ; Bombo Long Island, guitare ; Colada Jones, piano ; Aristide Planteur, basse ; et enfin Brass Monkey Kong, batterie) ont charmé non seulement leur auditoire mais aussi les membres de Dumsptaphunk venus amicalement goûter à la douceur de vivre et à la gastronomie périgourdine.
Rhum Runners © Marie-Thérèse Delboulbes
Rhum Runners © Marie-Thérèse Delboulbes
© Marie-Thérèse Delboulbes
Ivan Neville © Marie-Thérèse Delboulbes
Ian Neville © Marie-Thérèse Delboulbes
La prestation des Rhum Runners les a tellement ravis que deux Dumpsta, le trompettiste Parris Fleming et le tromboniste Alex Vasily sont venus jammer avec eux sur scène, notamment pour un irrésistible Ooh poo pah doo, définitif hymne néo-orléanais de Jesse Hill.
Jean-Pierre Bruneau
© Marie-Thérèse Delboulbes