Blues Roots Festival Meyreuil 2024
02.10.2024
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Carton plein ! Pour sa première soirée blues de la saison 2009-2010, l’Odéon scène J.-R. Caussimon affichait une nouvelle fois complet. Il faut dire que la constante qualité de la programmation a su, au fil des ans, fidéliser un public qui n’a pas besoin de connaître les noms ou la carrière des artistes invités pour savoir qu’il sera au moins satisfait, si ce n’est surpris et comblé. A cette excellence artistique, dont la responsabilité incombe au programmateur, Michel Rémond, s’ajoute la gentillesse de l’accueil prodigué par l’équipe de bénévoles emmenée par Francis Joly. Bref, il fait toujours bon se retrouver à Tremblay !
Ponty Bone © Miss Béa
Le nom de Ponty Bone m’était totalement inconnu. Seuls ses accompagnateurs m’étaient familiers puisqu’il s’agissait de la crème de nos musiciens aquitains : Mister Tchang à la guitare (que l’on voit souvent avec Malted Milk), Abdell "B.Bop" Bouyousfi à la contrebasse et Pascal Delmas à la batterie (piliers de Rosebud Blue Sauce et futurs rythmiciens des Boogiematics). C’est, semble-t-il, à Abdell que l’on doit la venue de Ponty Bone, un fringant Texan qui venait tout juste de fêter son 70e anniversaire. Sa spécialité, c’est l’accordéon qu’il a pratiqué longtemps aux côtés de Joe Ely (accompagnant au passage The Clash ou Linda Rondstadt) avant de former son groupe, The Squeezetones. Avec un tel background culturel et musical, ses influences sont multiples et évoquent tour à tour le blues, le zydeco et la country. La country façonne notamment sa façon de chanter, alors que le zydeco, avec une pointe de tex-mex et de cajun, imprègne son jeu d’accordéon, dans un répertoire en grande partie original [traduction : je n’ai pas reconnu grand chose !], hormis le My toot toot en rappel. Très sollicité, Mister Tchang s’est montré inspiré tout au long du concert, juste un poil trop démonstratif par moments, mais tellement "entertainer" qu’on lui pardonne ! Quant à la rythmique, elle fit la preuve de sa parfaite connaissance/compréhension des ambiances lousiano-texanes.
Mister Tchang, Ponty Bone et Abdel "B.Bop" Bouyousfi © Miss Béa
Pierre Lacocque © Miss Béa
Même si le nom du groupe évoque le Sud et que son leader a grandi à l’ombre des terrils wallons, Mississippi Heat pratique un Chicago blues de plus belle eau. Pierre Lacocque est un harmoniciste fin et cultivé, virtuose sans ostentation. Sa grande force est d’avoir toujours su, au fil des années, s’entourer des meilleurs sidemen de la Windy City. Aujourd’hui encore, même avec une formation restreinte, Mississippi Heat impose sa marque avec un rythmicien hors pair comme Kenny Smith, qui fait prospérer l’héritage paternel comme celui de Fred Below. La chanteuse Inetta Visor n’a aucun mal à capter l’attention, pas seulement par un physique toujours plus impressionnant, mais surtout par cette voix qui n’a pas à forcer pour dévoiler sa puissance et son étendue. Carl Weathersby a participé aux dernières tournées du groupe, comme guitariste soliste invité. Cette fois, empêché au dernier moment, il a été remplacé par John Primer qui n’eut aucun mal à s’intégrer à cette formation en adéquation parfaite avec sa personnalité. Son jeu de slide expressionniste, qui doit tant à Muddy Waters, est renversant, mais il est aussi intéressant en flat picking et au chant. Un excellent set, de haut niveau, qui concluait une excellente soirée.
Jacques Périn
Pierre Lacocque et John Primer © Miss Béa