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Live reports / 09.10.2015

Miguel + Sly Johnson

Piqûre de rappel : seul avec son micro et sa machine, Sly Johnson assure. Un set ramassé ce soir en première partie éclair. À peine trente minutes pour balancer quelques grooves bien dodus, en bonne partie extraits de son nouvel album, “The Mic Buddah”, à paraître en novembre chez Heavenly Sweetness. Tant pis s'il est desservit par une sono qui broie les aigus, Sly se met rapidement l'Olympia dans la poche, à coup de Slave to the rhythm, de Everybody dancin', de Nasty girl… Et puis ses désormais fameuses improvisations à base de prénom pioché dans le public font toujours de l'effet. Dommage qu'il n'ait pas eu le temps de se lâcher côté beatboxing, on sentait le public prêt à s'embraser. Et on en aurait bien repris une autre demi-heure plutôt que de subir le remplissage balourd de la DJ de Miguel. Sans doute une tactique pour rabaisser le niveau avant l'arrivée de la star, en tout cas un moyen sûr d'alimenter le bar.

Une vraie rock star ce Miguel. Le compteur de décibels en prend un sacré coup lorsqu'il déboule. Gueule de tombeur et perfecto blanc à plumes entrouvert sur un torse sculptural. Ce soir en grande partie féminin, l'Olympia est très électrique. Comme on pouvait s'y attendre à l'écoute de son nouvel album, le show du chanteur californien en force les traits rock. Basse en retrait, batterie martelée, clavier secondaire et guitare agressive très dominante, hélas avec une disto banale, impersonnelle.

 


Miguel

 

 

Tandis qu'une scénographie bien huilée fait la chasse aux temps morts, Miguel, sur fond de projection vidéo grand format, crève l'écran. À son dynamisme félin (il y a du Prince en lui, mais son bref passage à la guitare annihile tout prolongement de la comparaison) répond un chant R&B-soul intense qui n'hésite pas à miser sur un flasetto enivrant pour souligner la sensualité exacerbée des compositions, et aussi les métaphores pornographiques de The valley. Car c'est bien sûr “Wildheart” qui a les honneurs, avec des réussites comme Waves, Leaves ou encore un Beautiful exit qui offre une trop rare respiration à une orchestration souvent pesante. L'autre temps fort, c'est l'excellent What's normal anyway, introduit par un Miguel qui se souvient des questions que soulevaient les cases d'appartenance “ethnique” qu'il fallait cocher à l'école. Des titres de ses deux premiers LP seront aussi à la fête, notamment l'imparable Quickie introduit sur scène par un extrait du I get around de Tupac. Évidemment, deux tubes attendus viendront clore la soirée : le récent Coffee et le grisant Adorn, pertinente mise à jour de l'héritage de Marvin Gaye. L'occasion aussi pour Miguel, torse nu ruisselant, de communier au plus près de son public.

Nicolas Teurnier
Photos © Fouadoulicious