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Live reports / 02.11.2018

Michelle David & the Gospel Sessions

Bien installés en Europe du Nord, où ils se produisent régulièrement, les Gospel Sessions, soit la chanteuse originaire de Caroline du Nord Michelle David et les guitaristes néerlandais Onno Smit et Paul Willemsen (tous trois habitués de la scène soul funk locale, au sein notamment du groupe Lefties Soul Connection), partent désormais à l’assaut de la France, avec la distribution de leur nouvel album – le troisième du projet – et un programme chargé de concert dans les prochains mois.

Pour lancer ce plan ambitieux, le groupe se produisait pour un showcase d’une quarantaine de minutes dans le cadre du festival qui accompagne le salon professionnel de l’industrie musicale MaMA. Arrivé en avance, je profite du programme copieux pour passer la porte de la Cigale et aller découvrir, sur la foi du nom, le House Gospel Choir. L’intitulé ne ment pas : accompagnée d’un DJ et de musiciens, une chorale d’une douzaine de voix, habituée des festivals électro, interprète façon gospel des classiques des musiques électroniques, en commençant par l’emblématique Stand on the word des Joubert Singers et en revisitant à sa façon des titres comme le A deeper love de Cliviles & Cole. Le résultat est plutôt divertissant mais peine à dépasser son statut de gimmick faute de solistes réellement marquant et en raison de la médiocrité des textes – il faut dire que la house n’a jamais été mise en avant pour son côté littéraire ! 

Changement de niveau évident avec Michelle David et les Gospel Sessions : renforcés par le batteur Toon Omen et une section de cuivres – ni clavier, ce qui est atypique pour du gospel, ni bassiste –, le trio de base a choisi de privilégier l’efficacité à la finesse pour sa courte prestation (une quarantaine de minutes). Le show débute par deux classiques du genre, I’m a soldier in the army of the Lord et There's a light in my life shining over me, revisités de façon énergique pour conquérir un public qui ne tarde pas à être emporté par la musique du groupe, d’autant que David ne ménage pas ses efforts pour l’impliquer. Taking it back et Nobody but the Lord, les deux premiers titres du nouveau disque, prennent la suite et rappellent assez naturellement le son Daptone, d’autant que l’approche scénique de la chanteuse n’est pas très différente de celle de la Sharon Jones des débuts. Plus apaisé, l’arrangement aux parfums maliens de Up above my head ne convainc pas tout à fait, mais le reste du show, en mode surrégime maîtrisé, récupère sans problème un public qui, dans sa majorité, découvre ce soir le groupe. Difficile d’imaginer que l’ensemble tienne ce rythme endiablé – oui, c’est fait exprès – pendant tout un show de durée normale, mais le résultat, à défaut de subtilité et de spontanéité, est accrocheur, et les concerts à venir permettront sans doute de confirmer la bonne impression laissée par cet avant-goût.

Frédéric Adrian