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Live reports / 03.07.2019

Michelle David & The Gospel Sessions, Jazz à Vienne

Théâtre Antique, 28 juin 2019, 20h30

Aucune concession à la canicule – 43 degrés au compteur dans l’après-midi tout de même : c’est en chemises blanches, cravates et costumes bleu que le backing band de Michelle David prend place sur la scène du Théâtre Antique, en première partie de soirée. Six musiciens encadrent la chanteuse néerlandaise native de New York City : trois soufflants surélevés (Lucas Van Ee, Dirk Zandvliet, Luc Janssens), ses deux guitaristes assis près d’elle en garde rapprochée (Paul Willemsen, Onno Smit) et un batteur (Bas Bouma).

Rien de tel que le rhythm’n’blues brut et énergique de Soldier, issu de l’album “Volume 2” et conclu poing levé par Michelle, pour nous capter d’entrée de jeu par cette chaleur. There’s a light, titre issu de “Volume 1”, se pare ensuite d’accents flamenco sur lesquels Michelle esquisse quelques attitudes hispanisantes.

Du gospel, des textes 100 % spirituels, tout en adoptant une attitude décontractée : voilà la recette de la charismatique Michelle qui prend possession du mur de spectateurs – entre 3 et 4 000. Elle ôte ses chaussures pour se mettre à l’aise, elle est chez elle dans le plus grand théâtre antique de France et c’est comme ça que ça se passe chez elle : « This is my house and in my house, no judgment, so I’m making comfortable! And I’ll be just as funky as you are! »

Le groupe déroule les titres de “Volume 3” en maintenant un rythme soutenu : Give it to Him (« Give it to Jesus », reprend le chœur de guitaristes), Walk with me (« Hold my hand, Lord »), Taking it back, Nobody but the Lord. Loin d’une complexité mélodique, mais plutôt dans une sorte de minimalisme, sans clavier, le groupe sert la voix brute et d’une puissance inouïe de Michelle. Après Up above my head (« And I feel there’s a God somewhere ») dont la rythmique sous emprise malienne commence sérieusement à rendre les sièges en fosse superflus, Michelle nous ménage une respiration le temps d’un duo voix-guitare apaisant sur I know the Lord, un morceau issu de “Volume 2”. 

Le show rodé nous semble mené avec une véritable générosité. La présentation des musiciens est d’ailleurs l’occasion de délivrer un message d’amour fraternel, avant un accostage en douceur avec He loves me. Michelle David nous touche tant par l’attention dont elle fait preuve (« Même si vous ne me comprenez pas, j’espère que vous ressentez. ») qu’à travers un indéniable don de soi. Elle pousse sa voix à la limite de la cassure, va chercher à l’extrême des cris rauques et son énergie contagieuse met finalement toute la fosse debout.

Texte et photos : Alice Leclercq

Alice LeclercqfestivalJazz à VienneMichelle Davis