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Live reports / 17.03.2025

Michael Kiwanuka, Zénith, Paris, 2025

28 février 2025.

Les 300 mètres de queue dans laquelle on se retrouve avant de pénétrer dans le Zénith de Paris nous font mesurer l’ascension fulgurante du chanteur britannique en une grosse dizaine d’années. 

En 2025, Michael Kiwanuka semble mettre la barre encore un cran au-dessus après ses précédentes prestations dans la capitale. On l’a vu fouler album après album les planches de la Maroquinerie, de l’Alhambra, des Étoiles, de la Cigale, de l’Olympia pour être en toute logique à son zénith aujourd’hui si vous permettez le jeu de mots. 

Complet depuis plusieurs mois, l’enthousiasme pour ce soulman trentenaire dépasse amplement le buzz “orchestré” par la maison de disque qui héberge ses enregistrements depuis ses débuts (Polydor/Universal). Une grosse machine dont la force de promotion-communication ne peut pas être la seule explication pour cet engouement qui fédère un public intergénérationnel et pluriel. 7 000 âmes qui se retrouvent coude à coude pour prendre ce shoot de soul cotonneuse que Kiwanuka délivre avec grâce et savoir-faire ne se fait pas en quelques clics et synchronisations.  

Les tubes du bonhomme sont dans toutes les têtes évidemment. Hero, Love & hate, Home again, You ain’t the problem, Black man in the white world seront inévitablement sur la setlist du jour, on n’avait pas de doute là-dessus. À l’image de ce Cold little heart à rallonge, on est venu aussi pour ça ce soir, semble-t-il. Nuée de smartphones pour immortaliser dès les premières notes de l’intro cette chanson qui vous transporte depuis sa mise en orbite en 2016. Magnifique interprétation, cordes et chœurs à l’appui, on regrettera presque que ce réflexe technologique à coup d’écrans anesthésie de facto l’horizon, heureusement pas les bonnes vibrations de cette soul quasi pinkfloydienne.    

D’ailleurs dans cette grande salle bien trop froide et trop spacieuse, les émotions particulières et cette enveloppe cotonneuse évoquée un peu plus haut ont du mal à se propager dans l’atmosphère. Rien à redire pourtant de Kiwanuka et son line-up XL (10 musiciens) qui ne lésinent pas sur la qualité d’interprétation dans une mise en scène riche et soignée (mobiliers et luminaires vintage et cosy, projections d’images en arrière-plan…). Des arrangements malins, cette manière d’introduire les titres à renfort de cordes, d’orgues ou d’un simple balayage guitare-voix. Le travail énorme des trois choristes rend compte du niveau et des ambitions soulful que visent Michael Kiwanuka et ses musiciens. 

Kiwanuka ne cause pas beaucoup, mais aura régulièrement des mots flatteurs pour le public parisien. Mentionnant ses premières venues évoquées plus haut avec un groupe beaucoup plus resserré, la capitale française l’ayant toujours accueilli avec chaleur et envie.  

Presque deux heures de show quand on additionne les deux rappels et le Zénith se vide doucement, raccord avec le tempo majoritaire de la soirée. Rebelote : une nouvelle marée humaine de plusieurs centaines de mètres inonde le parc de la Villette, retrouve le froid mordant de février et une actualité moribonde qu’on avait presque oubliée le temps de cette parenthèse enchantée. Un beau moment suspendu qu’on se prête à imaginer pour la prochaine fois dans un endroit plus cosy, plus adapté à la délicatesse de ce songwritter à qui l’on souhaite la plus belle des carrières dans cette industrie musicale parfois difficile à suivre. 

Texte : Julien D. 
Photos © Frédéric Ragot