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Brèves / 13.04.2016

Merle Haggard, 1937-2016

Le sujet des profondes accointances entre country et R&B est riche d'illustrations quasi intarissables. Décédé le 6 avril dernier, jour de ses 79 ans, le légendaire chanteur et auteur compositeur de musique country Merle Haggard n'était pas repris que par les artistes évoluant dans son idiome. En 1975, Bobby Bland proposait pour ABC une transposition en blues de Today I started loving you again, chanté en 1968 par Haggard, et qui devenait alors pour Bobby aussi un classique. Si à l'instar de nombre de ses pairs, Millie Jackson n'a jamais caché son goût pour la musique country, y puisant une bonne partie de son répertoire (cf. l'anthologie Ace “On The Soul Country Side”), sa version du titre chanté par Haggard If you're not back in love by monday qu'elle déclinait en ballade soul devenait un tube R&B en 1977. Durant les années 70, Merle Haggard a en effet développé une musique country à la charge émotionnelle forte, où textes et mélodies se mettent au service d'un chant de grande qualité. Ses compagnons d'armes sont alors le grand George Jones, Conway Twitty, Charlie Rich, Ronnie Milsap ou encore Mel Street. D'aucuns parlent alors de “country soul”.

 


© DR

 

Né dans une famille originaire d'Oklahoma, Haggard est issu, tout comme Buck Owens, de Barkesfield, localité située au nord de Los Angeles. Il obtient ses premiers succès sur Capitol à la fin des années 60 et n'arrêtera pratiquement jamais d'enregistrer jusqu'à la fin de sa carrière, que ce soit pour MCA, Epic, ou Curb. À travers les années, il signe un grand nombre de titres marquants dont on ne citera que Hungry eyes, Misery and gin, Silver wings, Irma Jackson, Me and the crippled soldiers, The way I am, Okie from Muskogee, Mama tried, The bottle let me down, You don't have very far to go… Même si son très large succès lui a valu d'être élevé au premier rang par les “instances” de la musique country, Haggard n'a jamais recherché à se fondre dans le moule et est resté très prisé par le mouvement musical “outlaw”, sans y avoir forcément pris part activement. Il s'était également révélé critique à l'égard du son contemporain développé à Nashville, déplorant notamment une pauvreté mélodique communément partagée. Si peu d'artistes de la nouvelle génération voyaient grâce à ses yeux, il a néanmoins enregistré avec la jeune Gretchen Wilson le titre Politically uncorrect en 2005 et a donné sa “caution artistique” à Sturgill Simpson. Son dernier disque, édité en 2015 (“Django & Jimmie”, Legacy) fut un effort partagé avec son vieux camarade Willie Nelson, vingt-deux ans après leur première “farce” discographique “Pancho & Lefty”. Diminué par la maladie, Ol' Merle continuait de tourner régulièrement, remplissant stades et arènes sportives.

NB