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Chroniques / 05.04.2023

Memphis Slim, Rocks

Si les administrateurs du Rock and Roll hall of fame n’ont pas encore honoré Memphis Slim, Bear Family lui consacre un volume de sa collection “Rocks”. Et c’est justice. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter cette impeccable compilation de 29 titres, où du boogie-woogie, du blues, du jump, du rhythm and blues émerge ce qu’on nommera bientôt rock ‘n’ roll. 

Dans les deux sélections de 1940, Slim fait équipe avec un contrebassiste, mais, dès son arrivée à Chicago en 1946, il s’adjoint deux saxophones, alto et ténor, et, un peu plus tard, un batteur, apportant une touche urbaine au robuste piano issu des barrelhouses. La fulgurante guitare de Matt Murphy viendra parachever l’ensemble à partir de 1952. C’est la période 1946-1961 (donc avant l’installation à Paris) qu’a retenue le compilateur et auteur du livret Martin Hawkins.

Le piano boogie est à la base de la musique de Slim, il irrigue son jeu dès les faces Bluebird et se manifeste tout au long de la compilation, jusqu’aux années 1960 quand il enregistre en solo pour un nouveau public blanc (superbe Walkin’ the boogie). Les saxophonistes Eddie Cotton, Alex Atkins, Timothy Overton sont très stimulants dans des faces protorock ’n’ roll  (Harlem bounce, She’s alright, Gotta find my baby…) La contrebasse slappée est aussi à la fête grâce à Leroy Bachelor, Willie Dixon ou Big Crawford.

Quant à la guitare, on ne refera pas ici l’éloge de Matt Murphy, « definitely the best guitar player, the best one I heard anywhere » (dixit Peter Chapman). La place manque pour détailler toutes les pépites réunies (la v.o. d’Everyday I have the blues, le côté new orleans de Ti Juana, etc.), mais chaque face est source de découverte ou de plaisir renouvelé. Alors, poussez les meubles et Rockin’ the house !

Jacques Périn

Note : ★★★★★ (Le Pied)
Label : Bear Family
Sortie : 6 janvier 2023

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