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Live reports / 24.11.2017

Masego

En première partie, la chanteuse londonienne Emmavie a dévoilé une bonne dose de charisme et d’humour en enchaînant sur ses propres productions que balançait sa DJ. Pour un R&B de bonne tenue qui mêle un panel de sons qu’on entend beaucoup actuellement : de l’electro, de la trap music et des vibrations groovy marquées par les années 1990.

 

 

Masego est lui aussi accompagné d'un DJ, efficace faire-valoir qui prend le micro ou sort des pas de danse. Mais le phénomène, c’est bien l’échalas de Virginie. Silhouette longiligne tout en nonchalance comme pour renforcer un peu plus encore l’impression de facilité que dégage cet artiste multifonctions. Beats addictifs qui marient gaiement R&B, house et hip-hop, chant soul et flow rap inspirés, envolées jazz au saxo… I do everything!, comme le dit sa chanson. Et pas qu'à moitié. Masego peut crâner. D'autant plus qu’il a le sens du show, avec un côté spontané un brin foutraque, un brin déjanté et tout à fait survolté. À l’image de sa musique percutante et généreuse : une grande invitation à la danse dans un brassage de références et d’époques assez jouissif. Ainsi le Badaboum bien complet ne se fait pas prier pour reprendre en chœur son “Hi-dee-hi-dee-hi-dee-o”, chant de ralliement qui invite Cab Calloway à l’ère digitale.

 

 

 

Grosse ambiance, donc, pour dérouler un répertoire original publié en toute indépendance ces dernières années sur la toile. Le dernier album solo en date avec Learn som jazz, Wifeable, I’m in Hollywood qui se transforme en I’m in Paris et Send yo’ Rita!, imparable recyclage d’un vieux tube de Justin Timberlake. L’excellent “Pink Polo EP” a évidemment aussi droit de cité avec une brochette de grooves pétris d’humour : Shut up and groove, Sego hotline, Girls that dance, Bounce. Au milieu de tout ça l’intermède « sensual » apparaît dispensable, même s’il faut reconnaître que son interprétation du thème détonne avec le tout-venant : Sensual seduction (Snoop Dogg), Slow motion (Juvenile) et Dirty Diana (Michael Jackson).

 

 

 

Sensations garanties avec ses deux récents singles : Tadow (créé à Paris avec un autre multi-instrumentiste inspiré, FKJ) et Navajo. Le Badaboum chante, danse, filme. Et goûte aussi à la création d’un beat en direct (claviers, loop, MPC, tout à l’air si simple) et à une volée de nouveaux titres tout aussi contagieux que ceux déjà connus. On aurait aimé qu’il dégaine davantage Sasha (son saxo) et on se demande l’impact de la formule avec orchestre. Mais à l’évidence Masego reviendra secouer Paris.

Nicolas Teurnier
Photos © Frédéric Ragot