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Brèves / 02.01.2013

Marva Whitney, 1944-2012

Six ans presque jour pour jour après le décès de James Brown, Marva Whitney, la Soul Sister number one est partie rejoindre le Soul Brother number one le 22 décembre 2012. Née le 1er mai 1944 à Kansas City, Marva Manning fait ses débuts dans le monde de la musique dans le groupe de gospel familial, les Manning Gospel Singers. Elle rejoint ensuite les Alma Whitney Singers (son mariage avec le frère du leader lui donnera son nom de scène) avant de se lancer dans le R&B au sein du groupe local Tommy & The Derbys, dont le batteur est James Gadson. En 1967, elle remplace Vicki Anderson au sein de la revue de James Brown. Pendant deux ans et demi, elle sera de tous les grands moments de la carrière mouvementée de Brown : elle tourne dans le monde entier, en Europe, au Viêt Nam et en Afrique notamment,  précède Brown sur scène à Boston le 5 avril 1968 au lendemain de la mort de Martin Luther King (durant lequel Brown invite le public au calme), chante avec lui à la Maison Blanche pour Nixon…  C’est elle qui se charge de faire répéter les enfants qui répondent à Brown sur Say it loud (I’m black and I’m proud).

Parallèlement, elle se lance, à l’initiative de Brown, dans une carrière solo sur King. Si ses premiers singles passent inaperçus, It's my thing (You can't tell me who to sock it to), paru en 1969 en réponse au It’s your thing des Isley Brothers, est un tube énorme. L’interprétation sauvage de Whitney devient l’incarnation parfaite du chant funk au féminin, et aucune des chanteuses qui la suivront, de Betty Davis à Sharon Jones, n’échappera à son influence. Son succès dans ce registre fait cependant de l’ombre à son talent plus général de chanteuse, qui s’exprime aussi bien dans les ballades. Un album reprenant quelques-uns des ses singles sort en 1969, suivi d’un album en public enregistré à l’Apollo quelques mois plus tard. À ce moment-là, Marva, lasse des mauvais traitements et du peu de reconnaissance de Brown, a déjà quitté l’orchestre. Elle continue pendant quelques années à publier des singles – toujours de qualité, malgré leur absence de succès – pour T-Neck, Excello puis Forté, avant de se retirer du milieu de la musique.

L’intérêt renouvelé pour la musique de James Brown dans les années 1980 lui permet de faire son retour sur scène, avec d’autres vétérans de son orchestre. Sept de ses titres figurent sur l’anthologie « James Brown's Original Funky Divas », et plusieurs de ses classiques sont copieusement samplés. C’est cependant à partir du milieu des années 2000 qu’elle fait un vrai come-back, avec plusieurs tournées en Europe, au Japon et en Australie, et un vrai nouvel album, « I Am What I Am », enregistré avec le groupe japonais Osaka Monaurail. Hélas, sa santé défaillante l’empêche de profiter à plein de ses retrouvailles avec un public qui ne l’a pas oubliée. Pour l’instant, seul son album de 1969 a été réédité en CD il y a quelques années, avec de nombreux bonus. Une compilation des faces Forté est cependant annoncée par Numero pour 2013.

Frédéric Adrian
Photo © DR / Collection Gilles Pétard