Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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Ces derniers mois, Martha High a probablement été l’artiste afro-américaine la plus présente sur les scènes françaises. Au fil de différentes tournées, elle s’est produite un peu partout avec l’Italian Royal Family, les Japonais rétro d’Osaka Monaurail, l’amicale des anciens de l’orchestre de James Brown, et les Soul Cookers. C’est avec ces derniers, un trio composé de Tony Match à la batterie et Leonardo Corradi à l’orgue, soit les deux tiers du trio Generations avec Fred Wesley, renforcés par le jeune guitariste Eric Wakenius (dont le papa, Ulf, avec qui il a enregistré, a accompagné, entre autres, Oscar Peterson, Ray Brown et, plus récemment, Youn Sun Nah), qu’elle fait ses débuts au Duc des Lombards.
Après quelques morceaux d’introduction par le trio, une occasion de se régaler une fois de plus des solos constamment imaginatifs de Corradi, aussi inspiré musicalement qu’il semble distant physiquement, l’ancienne choriste fétiche de James Brown et Maceo Parker rejoint la scène – robe à paillettes dorée, chaussures à talons argent, cheveux très courts blonds platine – pour un Funky good time qui sonne comme un programme. Il n’y a pas (encore) de disque avec les Soul Cookers, et Martha en profite pour piocher assez librement dans toute sa carrière. Peut-être inspirée par le contexte intimiste, elle décide dès le deuxième titre de dévier de la setlist officielle pour se lancer dans une version de Don’t go to strangers dédié à la mémoire de sa mère, avant de revenir à un programme plus habituel, avec son très amusant You need a woman like me, issu de son album “It’s High Time” de 2009 (étonnamment, elle ne jouera aucun titre de ses trois derniers disques !)
Peut-être pour ménager sa voix, elle s’octroie au bout de quelques morceaux une pause, laissant la scène à son guitariste pour un Born under a bad sign en solo acoustique pas très convaincant, puis au trio en entier. Si Wakenius fait correctement le job en accompagnateur, il faut avouer qu’il est le maillon faible du trio, ses solos vaguement inspirés de plans à la Jeff Beck ne faisant pas le poids face à ceux de ses collègues (lors du sien, Tony Match réussira même la prouesse, qui semble l’étonner lui-même, de détacher l’une de ses cymbales !). De retour sur scène, Martha se replonge dans le répertoire de son ancien patron avec un Cold sweat très réussi puis s’approprie, après une introduction parlée peut-être un peu longuette, le Be thankful for what you got de William DeVaughn.
En rappel, elle revient à son premier album, paru il y a bientôt quarante ans sur Salsoul, le temps d’un He’s my ding dong man ludique et dépouillé de ses oripeaux discos, prétexte à faire chanter un public qui n’attend que ça. À 73 ans passés, Martha High n’a sans doute plus tout à fait l’énergie d’il y a quelques années, mais elle reste une chanteuse attachante, et il est difficile, quel que soit le contexte dans lequel elle se produit, de lui résister. Étant donné qu’elle doit se réinstaller prochainement en Europe (scoop !), elle devrait continuer à être une visiteuse régulière de nos salles et de nos festivals !
Frédéric Adrian