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Live reports / 15.12.2017

Martha High & Osaka Monaurail

Rendez-vous incontournable ce dimanche soir pour tous les inconditionnels de James Brown (et des JB's), comme la promesse d’un concert 100 % soul-funk qui motive une assemblée internationale et intergénérationnelle bien garnie. Salle quasiment pleine d’un public définitivement prêt à terminer (ou attaquer selon) la semaine au son brûlant du collectif japonais et de la légendaire funky diva.

Hasard du calendrier, Soul Bag était déjà présent au même endroit un 26. C’était il y a sept mois, en avril, que Madame High proposait un show avec orchestre resserré, The Soul Cookers. Mais cette fois, c’est avec la rutilante machine Osaka Monaurail, nonette nippon au top, que la chanteuse s’est accoquinée le temps d’un disque et de la tournée qui l’accompagne. L’album “Tribute To My Soul Sisters”, fraîchement publié par Records Kicks, sera d’ailleurs annoncé comme l’un des fils rouges de la soirée.

 

 

20h32 : showtime ! Costards cintrés, cravates nouées, cheveux gominés et rasés de près, les musiciens font leur entrée sur scène. Trois soufflants : trompettes, sax ténor et trombone sur la droite. Guitare, basse et batterie au centre. De l’autre côté du ring, orgue Hammond, choriste et seconde guitare. Après un salut au public qu’on qualifiera de coutumier (tous les membres se plient en deux et tiennent la position une bonne vingtaine de secondes, effet garanti), la fête commence avec deux instrumentaux. Vibrations et breaks funk dans le pur style JB’s directement enchaînés à une courte séquence jazz-soul pendant laquelle le charismatique leader et maître de cérémonie Ryo Nakata débarquera au micro, sourire expressif en travers du visage et pas de danses de circonstance. Des ingrédients qui font instinctivement effet sur l’audience, bien encline à passer une bonne soirée.

 

 

 

 

 

 

 

 

Une demi-heure d’un medley comprenant (entre autres) classiques du Godfather et compositions du groupe, et c’est la rayonnante Martha High qui arrive, tout sourire et, comme toujours, élégamment habillée. Avec le swingant Hardest workin' woman, titre aux accents rhythm & blues tiré de son précédent disque, elle démarre sur les chapeaux de roues. L’orchestre a amplement passé le cap du rodage et assure le show, chorégraphies comprises. Avec son intro à rallonge (avec laquelle Martha High entend bien rigoler un peu), c’est Think (About it) qui suivra. Groove funk assuré et public aux anges en entendant ce classique de Lyn Collins rallongé de quelques minutes pour l’occasion.

 

 

 

 

 

Avec une perceptible émotion, Martha High évoque ce “Tribute To My Soul Sisters”, programme qui semble lui tenir à cœur tant ces chanteuses embarquées dans l’aventure jamesbrownienne ont elles aussi façonnées l’immense carrière du Godfather. Vicki Anderson, Marva Whitney, Anna King, Lyn Collins, Sugar Pie De Santo… Les noms sont égrenés en préambule à ce nouveau titre, This is my story, une ballade soul émouvante à la fin de laquelle la voix de Martha s’enraye un peu. Elle s’en excuse et l’on est sincèrement bien incapable de vous dire si l’on avait là un petit moment volontairement théâtralisé ou une réelle bouffée émotive qui surprit la truculente chanteuse.

 

 

 

Mais ce soir, c’est un petit bout d’Amérique qui se tient devant nous, et logiquement the show must go on ! C’est ce qui arrivera avec une recette déjà éprouvé lors de son dernier passage parisien. Un Showdown funky avec combat (fictif) de danse proposé au public. North Side versus South Side, un couloir dégagé au centre et quelques danseuses et danseurs bien motivés pour attraper un coup de chaud sous le feu des projos. Arrive le temps d’un entracte mérité. Retour sur scène aux alentours de 22 heures.

 

 

Keep the funk alive : c’est avec ce plaidoyer et les notes du classique The big payback que démarre ce deuxième set. Un titre qui se prête parfaitement aux libres improvisations de quelques musiciens et aux hochements de têtes du public. Avec une excellente version de Little taste of soul, titre de la géniale Sugar Pie De Santo, Martha High rend définitivement un vibrant hommage à ses camarades chanteuses. Puis c’est Ding dong man, clairement décliné du Ring my bell d’Anita Ward. La suite avec Don’t throw your love in the garbage can qui figure sur son nouvel album et enfin peut-être le titre le plus commun de la soirée, Stay tonight.

 

 

 

 

Puisque madame le chantait l’instant d’avant, on est bien resté campé sur nos deux jambes quand l’orchestre s’est remis à faire son symbolique salut. Puis, sous les encouragements d’une salle surchauffée, c’est l’ultime rappel sous la forme d’un Rock me again and again plutôt fidèle à l’original. Un final et une sortie de scène aussi efficaces que fut l’entrée en matière presque deux heures plus tôt avec un autre titre de la regrettée Lyn Collins. Une belle manière de boucler cet hommage chaleureux à ses soul sisters que Martha High aura évoquées tout au long de cette excellente prestation.

Jules do Mar
Photos © Fouadoulicious