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Hommages / 04.04.2021

Margie Evans (1939-2021)

Habituée des scènes européennes pendant les années 1980 – elle participe à trois éditions de l’American Folk Blues Festival, en 1981, 1982 et 1985 –, la chanteuse avait traversé au cours d’une carrière de plus de soixante ans l’ensemble des facettes des musiques populaires afro-américaines, du blues au jazz en passant par le R&B et la soul…

 

Née à Shreveport, en Louisiane, Marjorie Ann Johnson s’installe en 1958 à Los Angeles. Elle y épouse le révérend Jim Evans et y lance sa carrière musicale, d’abord au sein de l’orchestre de Billy Ward, l’ancien leader des Dominoes, puis dans celui de Ron Marshall, avant d’intégrer, en 1970, la revue de Johnny Otis, avec laquelle elle tourne dans le monde entier (elle apparaît sur le disque en public “The Johnny Otis Show Live At Monterey!”) et enregistre (deux titres sur l’album “Cuttin’ Up”, paru en 1970). Si elle enregistre un premier 45-tours cette même année sous la responsabilité de Willie Dixon, sa carrière personnelle commence réellement à son départ de l’ensemble de Johnny Otis, avec une série de 45-tours dans un registre soul et funk, bien souvent sous l’égide de Monk Higgins, entre 1973 et 1977 pour United Artists, Buddha et ICA, décrochant deux petits succès dans les classements R&B avec Good feeling et Good thing queen. Elle prête également sa voix à un album de Donald Byrd, “Stepping Into Tomorrow”. Pendant cette période, elle développe également ses talents d’écriture, co-signant plusieurs titres enregistrés par Bobby Bland entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, dont le classique Soon as the weather breaks

Les années 1980 la voient se tourner vers le blues. Elle apparaît régulièrement dans les festivals américains comme le San Francisco Blues Festival et le Long Beach Blues Festival, et tourne intensivement en Europe. C’est d’ailleurs pour L + R Records, le label de Horst Lippmann et Fritz Rau, les deux fondateurs des tournées American Folk Blues Festival, qu’elle publie ses deux premiers albums, “Mistreated Woman” et “Another Blues Day”, tout en apparaissant sur les disques tirés des trois tournées auxquelles elle participe. Elle autoproduit son album suivant, “Too Late Rising Sun”, avant de commencer une collaboration au long court avec le guitariste suisse Philipp Fankhauser, apparaissant sur plusieurs de ses disques avec le Checkerboard Blues Band et sous son nom à partir de la fin des années 1980.

Si elle continue à tourner dans les années 1990 et à enregistrer ponctuellement (l’album “Drowning In The Sea Of Love”, publié sur un label australien), elle consacre de plus en plus de temps à différents projets caritatifs et communautaires à Los Angeles, parmi lesquels figure le développement d’une Los Angeles Music Week qui vise à soutenir la scène locale. Une sélection de ses enregistrements pour L + R est publiée en 1996 par Bellaphon sous le titre “Blues Classics”. Elle retrouve la scène au milieu des années 2010, en particulier en Suisse, avec Philipp Fankhauser, et leurs concerts communs sont documentés sur un album paru en 2016, “Unplugged – Live At Mühle Hunziken”. Ces dernières années, c’est essentiellement au gospel qu’elle se consacrait, dans les églises et sur les scènes de sa ville d’adoption. 

Texte : Frédéric Adrian
Photo d’ouverture : Johnny Otis et Margie Evans, 2 août 1971, Los Angeles. © Norbert Hess 

30 juillet 1971, Los Angeles. © Norbert Hess 
Amsterdam, 1990. © André Hobus

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